Mali: Macron qualifie de "honte" les propos du Premier ministre sur un "abandon" par la France

Hélicoptères Tigre et soldats de la force Barkhane au Mali le 27 mars 2019 - ILLUSTRATION - Daphné Benoit - AFP
Emmanuel Macron a qualifié jeudi de "honte" les accusations d'"abandon" du Mali par la France portées par le Premier ministre de transition Choguel Kokalla Maïga à la tribune de l'ONU.
"J'ai été choqué. Ces propos sont inacceptables (...) Alors que hier nous avons présidé à l'hommage national au sergent Maxime Blasco (tué au combat au Mali), c'est inadmissible. C'est une honte et ça déshonore ce qui n'est même pas un gouvernement", a déclaré le chef de l'Etat en marge du dîner de clôture de la saison Africa 2020 à l'Elysée.
Paris avait déjà fermement condamné ces derniers jours les propos tenus samedi par Choguel Kokalla Maïga, qui a affirmé que l'annonce par Emmanuel Macron en juin de la réorganisation de la présence militaire française, avec la fin programmée de Barkhane, représentait "une espèce d'abandon en plein vol".
"Je sais que les Maliens ne pensent pas ça", a estimé Emmanuel Macron, en soulignant que "la légitimité du gouvernement actuel", issu de deux coups d'Etat depuis 2020, était "démocratiquement nulle".
"Nous sommes exigeants parce que nous sommes engagés, nous voulons lutter contre le terrorisme et pour la sécurité", a-t-il ajouté. "Nous sommes là parce que l'Etat malien l'a demandé. Sans la France, le Mali serait dans les mains des terroristes", selon lui.
Il a dit attendre des dirigeants de la junte "qu'ils respectent leurs engagements: qu'en février il y ait des élections, qu'ils arrêtent de mettre en prison les opposants politiques, qu'ils fassent leur travail, c'est-à dire le retour de l'Etat, ce qu'ils ne font pas depuis des mois". "Nous allons continuer les projets de développement" au Mali aux côtés de la communauté internationale. Mais "ce travail ne peut pas être fait si les dirigeants ne prennent pas leurs responsabilités", a-t-il prévenu.
"Ce n'est pas une fatalité", a-t-il poursuivi en donnant l'exemple du Niger, pays voisin du Mali, où il y a "un président courageux, le président Bazoum, après un autre président courageux, le président Issoufou, qui font le maximum, se battent pour leur peuple, l'éducation, la santé... Ils font un travail admirable".