Plan d'Israël pour Gaza: Benjamin Netanyahu "est dans une forme de déni", estime David Rigoulet Roze

"Netanyahu veut maintenir le cap qu'il s'est fixé, parce que si il tombe, il aura des comptes à rendre": le chercheur à l'Institut français d'analyse stratégique David Rigoulet Roze qualifie de "totalement irréaliste" le plan israélien pour Gaza dévoilé par Benjamin Netanyahu, dimanche, à Jérusalem.
Le Premier ministre israélien a révélé les détails sur son plan d'opération pour Gaza. Il n'envisage pas une occupation du territoire palestinien, mais plutôt de "libérer la ville du Hamas". Selon lui, il s'agit du "meilleur moyen pour terminer la guerre" contre le Hamas. "Nous n'avons pas d'autre choix pour terminer le travail", a-t-il répété.
"Pas de stratégie sur le long terme"
Ce plan possède plusieurs objectifs: désarmer le Hamas, puis assurer le retour des otages vivants, et démilitariser l'enclave palestinienne. Benjamin Netanyahu souhaite également établir un contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza et construire une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas, ni l'Autorité palestinienne.
Cette opération se déroulera sur un calendrier assez court d’après le Premier ministre israélien, qui a fixé la date symbolique du 7 octobre prochain, deux ans jour pour jour après l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas. Les civils auraient jusqu’à cette date pour évacuer Gaza-Ville, avant une prise de contrôle israélienne.
Mais ce plan est intenable selon David Rigoulet Roze: "Il est dans une forme de déni, ou de pensée magique, en mobilisant la possibilité qu'il y ait des États arabes qui participeraient à une force de stabilisation." Cette possibilité est "totalement irréaliste", selon lui. Surtout, le spécialiste estime que Benjamin Netanyahu "n'a pas de stratégie sur le long terme" et établit un plan "dans l'urgence".
Les familles d'otages absolument contre
Avec ce plan, Benjamin Netanyahu fait "abstraction des désaccords existants", selon David Rigoulet Roze. Les familles des otages se sont opposées à un tel plan, qui représente, selon elles, une condamnation à mort de leurs proches. Des parents d'otages ont appelé à une grève générale.
Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de Tel Aviv, samedi 9 août, pour demander un cessez-le feu immédiat. D’après les sondages, 74% des Israéliens souhaitent la fin de cette guerre.
Sur le plan politique, la gauche estime que ce plan serait "un désastre" pour des générations. Des ministres d'extrême-droite ont, eux, clamé leur désaccord, souhaitant, à l'inverse, des mesures plus radicales. "Je veux tout Gaza, le transfert (de sa population) et la colonisation", a commenté le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir.
Le sous-secrétaire général de l'ONU Miroslav Jenca a mis en garde contre les projets militaires israéliens qui risquent de déclencher "une nouvelle calamité" aux graves conséquences régionales.