Portugal: la percée spectaculaire de l’extrême droite, avec un leader comparé à Donald Trump et Javier Milei

Au Portugal, les élections législatives ont placé l'extrême droite en troisième position ce dimanche. C’est une percée spectaculaire pour le parti Chega et pour son leader populiste André Ventura, que l’on compare à Donald Trump ou plus encore au nouveau président argentin Javier Milei. Comme eux, il se présente comme le candidat anti-système et dénonce les élites et la corruption. Et ça marche parce que ces élections législatives ont été provoquées par la démission du Premier ministre socialiste, dont des proches étaient mis en cause dans des affaires de corruption.
André Ventura a fait campagne sur le thème du "tous pourris" avec une affiche qui appelle au "grand nettoyage". Il a nommé son parti "Chega", ce qui veut dire "ça suffit". Âgé de 41 ans, c’est un ancien séminariste catholique qui a renoncé à entrer dans les ordres pour devenir inspecteur des impôts, puis journaliste et occasionnellement commentateur de foot.
Des positions provocatrices et parfois racistes
Sur le fond, il a commencé au centre droit, tendance pro-européenne, mais il s’est progressivement radicalisé. Il est connu pour ses prises de positions provocatrices et parfois franchement racistes. Il associe la communauté gitane au grand banditisme et aux mariages forcés. Pendant la crise du Covid, il a suggéré que les Roms et les noirs soient enfermés dans des camps parce qu’ils favorisaient d’après lui la propagation du virus à cause de leur hygiène… Opposé à l’avortement, il a aussi envisagé que les femmes qui avortent puissent se voir imposer un retrait de leurs ovaires.
Le score obtenu ce dimanche par son parti pourrait faire de lui un arbitre de la politique au Portugal. L’opposition de centre droit a gagné, mais sans obtenir la majorité absolue, ni toute seule ni avec l’appoint de petits partis. Chega, le parti d'extrême droite, a plus que doublé son score pour atteindre 18% des suffrages. Si bien qu’André Ventura s’est dit disponible pour former une majorité forte à droite.
Mais le vainqueur des élections, Luis Montenegro, le chef de file des conservateurs, a affirmé son refus de gouverner avec Chega. Si bien que le plus vraisemblable ce lundi matin, c’est que le Portugal sera dirigé par un gouvernement de centre droit avec une majorité relative. Et avec l'extrême droite en embuscade.
La fin d’une exception portugaise
Cela met fin à une exception portugaise, parce que le Portugal a été longtemps un des seuls pays d'Europe qui n’avait pas de député d'extrême droite. Cela tient à l’histoire du pays. On va bientôt célébrer les 50 ans de la révolution des Œillets, qui a mis fin en 1974 au régime de Salazar, du nom de cet autocrate qui a dirigé le pays pendant presque 40 ans au nom de ce qu’il appelait lui-même la dictature nationale. C’est ce passé qui explique que l'extrême droite au Portugal a longtemps été cantonnée à la marge, jusqu’à ce dimanche soir.
En Europe, l'extrême droite progresse un peu partout. Elle est à la tête de deux pays, l’Italie et la Hongrie. Elle participe au gouvernement en Finlande et en Slovaquie. Elle soutient le gouvernement en Suède. Elle a remporté les législatives aux Pays-Bas, où les négociations se poursuivent pour former une coalition avec la droite et l'extrême droite.
Aux prochaines élections européennes, selon les sondages, les partis classés à l’extrême droite devraient arriver en tête dans neuf pays sur 27, dont la Belgique, l'Autriche, l'Italie, les Pays-Bas et, bien sûr, la France.