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Présidentielle au Brésil: "L'intolérance est de mise et c'est ce qui peut favoriser l'élection du candidat d'extrême droite"

Plus de 147 millions de Brésiliens sont appelés aux urnes ce dimanche pour le premier tour l'élection présidentielle. Grand favori des sondages, le député d'extrême-droite Jair Bolsonaro caracole en tête des 13 candidats en lice.

C'est un Brésil divisé qui s'apprête à voter ce dimanche pour le premier tour de l'élection présidentielle. Plus de 147 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour désigner le successeur de Michel Temer, éclaboussé par un scandale de corruption.

Parmi les 13 candidats en lice, Jair Bolsonaro, le candidat de l'extrême droite est le grand favori des sondages avec 35% des intentions de vote devant son principal rival, Fernando Haddad (22%), du Parti des Travailleurs -remplaçant de Lula l'ex-président emprisonné pour corruption-.

Jair Bolsonaro, 63 ans, milite pour la libéralisation du port d'arme, la peine de mort ou encore l'utilisation de la torture contre les trafiquants de drogue. Il est aussi connu pour ses dérapages racistes homophobes et misogynes.

Poignardé début septembre en pleine campagne lors d'un bain de foule il n'est sorti que samedi dernier de l'hôpital et cette agression a sans doute contribué à sa fulgurante ascension dans les sondages.

Le Brésil embourbé dans la crise

Si son discours a pu émerger, c'est que le Brésil ne parvient pas à sortir de la crise qui le frappe depuis 2011. Le taux de chômage est passé de 6,7% en 2011 à 13%. "Aujourd'hui, le moindre mal, c'est plutôt voter pour l'extrême droite pour faire barrage à la gauche alors que la gauche a pu commettre des erreurs, mais elle a toujours respecté la démocratie ce qui n'est pas le cas de Jair Bolsonaro. Il a même dit que Pinochet aurait dû assassiner davantage de personnes durant son régime. De ce point de vue-là, les droits de l'homme sont vraiment le cadet de ses soucis. L'intolérance aujourd'hui au Brésil est de mise et c'est ce qui peut favoriser son élection", analyse Gaspard Estrada, directeur de l'observatoire politique de l'Amérique latine et des Caraïbes à Sciences Po.

Suivi par près de sept millions de personnes sur Facebook, cet ancien capitaine de l'armée brésilienne a déjà annoncé qu'il n'accepterait pas le résultat de l'élection présidentielle s'il n'était pas le vainqueur.

Sophie Paolini (avec P.B.)