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Reconnaissance de l'État palestinien: symbolique mais "juridiquement sans concrétisation"

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Emmanuel Macron a enjoint le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à "mettre en œuvre les réformes indispensables" dans "la perspective de reconnaissance de l'Etat de Palestine". Pour David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’IRIS, spécialisé sur la région du Moyen-Orient, elle restera de toute façon symbolique si cela ne s'accompagne pas par le renouvellement du personnel politique, actuellement empêché par le Hamas.

Emmanuel Macron a appelé ce mercredi le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à "mettre en œuvre les réformes indispensables" dans "la perspective de reconnaissance de l'Etat de Palestine", a rapporté la présidence française dans un communiqué.

Depuis le début de la guerre, l'autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas a perdu en légitimité, critiquée pour son impuissance et la corruption de ses dirigeants, explique David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’IRIS, spécialisé sur la région du Moyen-Orient et plus particulièrement la péninsule arabique.

"Trouver une incarnation"

"Il faudra un renouvellement, non pas seulement du logiciel politique mais des personnes. Ce sera indissociable. Là, ca va être très compliqué car il s'agit de trouver une incarnation", expose le chercheur.

Et tant qu'il n'y a pas une instance reconnue incarnée par de nouveaux visages sur les territoires palestiniens, une reconnaissance ne peut-être que symbolique. "Les reconnaissances formulées aujourd'hui, de toute façon, c'est signifiant politiquement mais juridiquement, c'est sans concrétisation", explique David Rigoulet-Roze.

Bain de sang à Rafah
Bain de sang à Rafah
8:07

Un "positionnement "politique" pour Stéphane Séjourné

"Quel est le jour d'après la question de la reconnaissance? Quelle est l'utilité diplomatique?", a par ailleurs lancé Stéphane Séjourné devant les sénateurs français. Le ministre des Affaires étrangères a dit regretter "qu'un certain nombre d'Etats européens aient privilégié le positionnement politique dans le cadre d'une campagne des européennes, qui ne résout rien". "Dites-moi exactement ce que la reconnaissance espagnole a changé le lendemain à la situation à Gaza? Rien!", a-t-il lancé.

Un pouvoir qui doit s'exercer aussi à Gaza

Dans cette période de guerre, aucune force politique ne semble faire le poids face au Hamas considéré comme un groupe terroriste par l'Union européenne. "Même s'il n'est pas reconnu, il s'impose de facto. Il constitue un obstacle justement à un éventuel renouvellement de l'autorité palestinienne, c'est bien le problème qui est posé", rappelle David Rigoulet-Roze.

Emmanuel Macron a notamment insisté sur l'importance d'une autorité palestinienne capable d'exercer ses responsabiltiés y compris sur la bande de Gaza, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

L'Espagne, l'Irlande et la Norvège ont reconnu l'Etat de Palestine

Trois pays du continent européen, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège, ont officiellement reconnu ce mardi un Etat de Palestine dans le but affiché de faire avancer la paix, une démarche qui a provoqué la colère d'Israël. Emmanuel Macron s'est lui dit "prêt à reconnaître" un tel Etat mais "à un moment utile", pas sous le coup de l'"émotion".

Lors de cet entretien Mahmoud Abbas a fait état de "l'engagement" du gouvernement palestinien "en faveur de réforme" et appelé les "pays européens qui n'ont pas reconnu l'Etat de Palestine à le faire", ont indiqué ses services dans un communiqué. 

Mahauld Becker-Granier avec LM