Séisme au Maroc: pourquoi l'aide de la France n'est pas encore acceptée

Au Maroc, le bilan humain ne cesse de s'alourdir après le séisme qui a frappé la région du sud de Marrakech dans la nuit de vendredi à samedi. Au moins 2.122 morts sont à déplorer après la catastrophe.
Les besoins d'aide humanitaire sont immenses, même si le royaume n'a toujours pas officiellement lancé d'appel à l'aide internationale. Le régime a tout de même annoncé ce dimanche avoir accepté l'aide de quatre pays: l'Espagne, le Royaume-Uni, le Qatar et les Emirats arabes unis.
La France a immédiatement proposé ses services samedi et assurait, par la voix d'Emmanuel Macron, que le pays était prêt à intervenir "quand les autorités le jugeront utiles", avec des moyens de recherche et de sauvetage, qui seraient prêts à partir. Le Maroc n’a pas -encore- répondu favorablement à cette main tendue.
Des relations diplomatiques tendues
Officiellement, ce délai, c’est le temps pour le Maroc d’évaluer les besoins sur le terrain.
"Le Maroc est maître de ses choix, qu'il faut respecter, et a pris la décision de prioriser l'arrivée de l'aide en fonction de son évaluation de la situation. Nous nous tenons à la disposition du Maroc d'aide immédiate et de moyen terme", confirme la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna ce lundi sur RMC-BFMTV, annonçant 5 millions d'euros d'aides pour les ONG sur place.
Mais, dans un contexte de relations dégradées entre la France et le Maroc, cette "priorisation" suscite beaucoup de questions. Pas de vexation, côté français: au sein de l’executif, on pointe que d’autres pays n’ont pas non plus reçu de réponse, alors qu'une centaine ont proposé de l’aide. Une aide qui va donc arriver au compte-goutte. Le Maroc veut éviter tout engorgement qui désorganiserait les secours, explique-t-on au Quai d’Orsay, où l’on répète que la communication est fluide et les contacts constants.
Mais au sein des organisations humanitaires, on s’interroge: faut-il y voir un effet des tensions récentes entre les deux pays? Les relations se sont dégradées ces derniers mois.
Le Maroc n’a plus d’ambassadeur en France depuis des mois, Emmanuel Macron a dû repousser une visite prévue à Rabat l’hiver dernier, une visite qui n’a jamais été reprogrammée. De fait, le chef de l’Etat n’a pas parlé au roi depuis le séisme, il lui a écrit une lettre.
Chercher une polémique est "tout à fait déplacé" selon Catherine Colonna
Catherine Colonna balaie toute polémique: "C'est une mauvaise querelle, une querelle tout à fait déplacée. Le Maroc est souverain, il est seul en mesure de déterminer quels sont ses besoins", assure la ministre des Affaires étrangères sur RMC-BFMTV.
Le problème, c’est que pendant ce temps, les secouristes le savent, dans les décombres, chaque minute compte.
L'Espagne, qui noue des liens diplomatiques privilégiés avec le Maroc grâce notamment au soutien de Madrid à la revendication marocaine sur la zone controversée du Sahara occidental, a annoncé avoir envoyé 86 secouristes accompagnés de chiens spécialisés dans la recherche de victimes, après avoir reçu une demande d'aide officielle de Rabat.