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Titanic, 250.000 dollars, mensonges... les dessous de l'implosion du sous-marin Titan révélées

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La société OceanGate, qui organisait l'expédition de l'épave du Titanic en juin 2023 durant laquelle un sous-marin de l'entreprise a implosé, a été jugé responsable par une enquête des garde-côtes américains,

Les garde-côtes américains viennent de rendre un rapport sur l'accident du sous-marin Titan qui avait implosé, il y a deux ans, en allant explorer l'épave du Titanic. Le texte désigne OceanGate, la société qui organisait cette expédition privée, comme la "première responsable" de l'implosion du submersible de 6,50 mètres.

Le rapport pointe le non-respect des procédures d'ingénierie par OceanGate, pointant notamment des manquements en matière de conception et d’entretien du sous-marin. Ces défaillances représentent la première cause de l’accident.

L'expédition avait lieu le 18 juin 2023. L'entreprise avait l'habitude de mettre en place ce genre d'expédition à 4.000 mètres de profondeur. Le Titan avait alors entamé sa descente et était censé refaire surface au bout de 7 heures, mais il ne reviendra jamais. Sous l’effet de la pression, peu après sa plongée, l'appareil a implosé.

Des billets à 250.000 dollars

À bord, les cinq passagers meurent tous sur le coup. Parmi eux, le pilote et dirigeant de l’entreprise OceanGate, Stockton Rush, un homme d'affaires pakistano-britannique. Ce dernier était accompagné de son fils, d'un explorateur britannique, mais aussi un Français, Paul-Henri Nargeolet, un scientifique de 77 ans, spécialiste du Titanic.

Il avait confié à sa famille ses craintes concernant la qualité de l’embarcation, mais il voulait en être, "pour la beauté de l’expédition". Le prix d’une place à bord de ce submersible était de 250.000 dollars. 

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Les opérations de secours avaient été très médiatisées. Des moyens considérables avaient été déployés dans l’espoir de retrouver les corps, mais seuls des débris du submersible avaient été retrouvés au fond de l’eau, à 500 mètres de l’épave du Titanic dans l’Atlantique Nord.

Très vite en revanche, des négligences sont pointées du doigt. Le hublot, par exemple, n’aurait pas pu techniquement résister à de telles profondeurs. En juin dernier, la BBC révélait également que la fibre de carbone utilisée pour construire le submersible était déjà détériorée un an avant l’accident.

Le rapport publié, mardi 5 août, confirme clairement des défaillances de la part de la compagnie OceanGate. Les garde-côtes américains se sont appuyés sur toute une série d’audiences publiques auprès d’une vingtaine de témoins, dont des anciens employés d’OceanGate. Ce qui en ressort, c’est que la société a en fait cherché à échapper au maximum aux contrôles réglementaires, à la fois en matière de conception mais aussi de maintenance.

Un "environnement de travail toxique"

On peut lire qu’OceanGate a eu recours à "des tactiques d'intimidation, des dérogations accordées pour des opérations scientifiques, et a tiré profit de sa bonne réputation pour échapper à la surveillance des autorités de régulation". L'entreprise n’a pas respecté les protocoles établis pour ce type d’expédition en eaux profondes, et ce depuis plusieurs années avant l’accident. 

Le management au sein de l’entreprise est également pointé du doigt. Le rapport dénonce un "environnement de travail toxique",  qui "dissuadait les employés et les sous-traitants d'exprimer leurs préoccupations en matière de sécurité". OceanGate préférait ignorer les alertes.

Un ancien ingénieur de l'entreprise, licencié quatre ans avant l’accident fatal, raconte avoir subi des pressions de la part de son patron pour mentir et affirmer que le submersible était sûr, malgré des essais inquiétants.

Ce rapport est sans appel. "Cet accident et la perte de cinq vies humaines étaient évitables". Des poursuites judiciaires sont en cours, entamées notamment par la famille de l’explorateur français mort dans l’accident, qui réclame 50 millions de dollars pour négligence grave.

Hélène Terzian (avec TRC)