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Torture lors de la Guerre d'Algérie: "Il y a des milliers de personnes comme mon père" confie le fils de Maurice Audin sur RMC

Emmanuel Macron a demandé "pardon" à la veuve de Maurice Audin en venant lui remettre jeudi une déclaration reconnaissant que le militant communiste, disparu en 1957, était mort sous la torture du fait d'un "système légalement institué" alors en Algérie par la France. Son fils, Pierre, était l'invité de RMC.

Depuis 1957, personne ne savait comment il était mort. Emmanuel Macron a franchi jeudi un nouveau pas dans le travail de mémoire sur la guerre d'Algérie en demandant pardon à la veuve de Maurice Audin, 61 ans après la mort sous la torture de ce militant communiste victime "du système institué alors en Algérie par la France".

Le chef de l'Etat s'est déplacé au domicile de Josette Audin, 87 ans, pour lui remettre publiquement une déclaration reconnaissant que la disparition à 25 ans de Maurice Audin, père de trois enfants, avait été "rendue possible par un système dont les gouvernements successifs ont permis le développement". Par ce document, le président "reconnaît, au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté, ou torturé à mort (...). Il reconnaît aussi que si sa mort est, en dernier ressort, le fait de quelques-uns, elle a néanmoins été rendue possible par un système légalement institué : le système 'arrestation-détention', mis en place à la faveur des pouvoirs spéciaux qui avaient été confiés par voie légale aux forces armées à cette période".

"La torture était une arme politique, un système"

"Ma mère ne peut pas être heureuse car sa vie a été brisée, mais il y a une satisfaction" a expliqué Pierre Audin, le fils du mathématicien, disparu en pleine bataille d'Alger.

Sur RMC, le fils de Maurice Audin, Pierre, a confié à Jean-Jacques Bourdin que "Ce qui est surprenant, c'est le temps que cela a pris". "Les Présidents nous ont ignorés, le précédent a juste reconnu qu'il ne s'est pas évadé". La version officielle dit, en effet jusqu’en 2014, que Maurice Audin, 25 ans en 1957, arrêté par les parachutistes qui le soupçonnait d'aider le FLN, s’est évadé au cours d’un transfert avant de disparaître. 

"Ce que dit le Président, c'est que la torture était une arme politique, un système. Il y a des milliers de personnes comme mon père. Le Président incite les témoins ou leurs descendants à communiquer avec les Archives nationales" a indiqué Pierre Audin sur RMC avant de confier "espérer que des témoignages et documents vont arriver".
Jean-Jacques Bourdin et X.A