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Tunisie: arrestation musclée de l'avocate Sonia Dahmani, un direct de France 24 interrompu

Manifestation en Tunisie, le 12 mai 2024

Manifestation en Tunisie, le 12 mai 2024 - FETHI BELAID / AFP

Les forces de sécurité ont pris d'assaut samedi soir la Maison de l'avocat à Tunis et arrêté Sonia Dahmani, une avocate et chroniqueuse après des propos sarcastiques sur la situation du pays. Une scène filmée par la chaîne France 24, qui a été contrainte de cesser son direct.

Une avocate tunisienne arrêtée en direct à la télévision… Sonia Dahmani participait mardi dernier à un débat sur une chaîne de télévision privée sur un sujet sensible en Tunisie: les violences régulières exercées contre les migrants africains.

La jeune avocate avait lancé d'une façon ironique "de quel pays extraordinaire parle-t-on?", en réponse à un autre chroniqueur qui venait d'affirmer que les migrants venus de plusieurs pays d'Afrique subsaharienne cherchaient à s'installer en Tunisie.

Une simple réflexion qui lui a valu une convocation de la police. Sonia Dahmani a jugé que c’était illégal et injustifié. Elle ne s’est pas rendue à cette convocation et s’est réfugiée à la Maison de l'avocat, à Tunis.

Plus de 60 personnes arrêtées depuis un an et demi

Samedi 11 mai au matin, une dizaine de policiers en civil, masqués, ont débarqué pour interpeller l’avocate. Cette arrestation a eu lieu en direct puisque la correspondante de France 24 en Tunisie était en train d’intervenir à l’antenne lorsque sous ses yeux et au milieu de cris de protestations des autres avocats, Sonia Dahmani a été emmenée.

Et, quelques minutes plus tard, les mêmes policiers ont interrompu ce direct en arrêtant le caméraman de France 24. Le caméraman de France 24 a finalement rapidement été relâché. Mais l’épisode a permis de braquer le projecteur sur ce qui se passe en Tunisie.

Des dizaines d'intellectuels, d'écrivains et de journalistes sont régulièrement arrêtés et poursuivis pour propagation de fausses nouvelles. Le président Kaïs Saïed ne tolère aucune critique. Il s’est octroyé les pleins pouvoirs en juillet 2021. En un an et demi, plus de 60 personnes, parmi lesquelles des journalistes, des avocats et des opposants, ont fait l'objet de poursuites sur la base de ce texte, selon le Syndicat national des journalistes.

Nicolas Poincaré