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Ukraine: les États-Unis et l'Allemagne autorisent Kiev à utiliser leurs armes pour frapper la Russie

Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président ukrainien Volodymyr Zelensky assistent à une conférence de presse à la Chancellerie, le 16 février 2024 à Berlin.

Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président ukrainien Volodymyr Zelensky assistent à une conférence de presse à la Chancellerie, le 16 février 2024 à Berlin. - John MACDOUGALL / AFP

L'Allemagne et les États-Unis ont autorisé l'Ukraine à utiliser des armes allemandes et américaines contre des cibles militaires en Russie pour se défendre des attaques lancées par Moscou. Zelensky salue cette décision.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué vendredi "un pas en avant" après le feu vert donné par les Etats-Unis pour que Kiev utilise des armes fournies par les Américains pour frapper des cibles sur le sol russe.

Il s'agit d'un pas en avant vers cet objectif (...) qui consiste à donner la possibilité de défendre notre peuple qui vit dans les villages situés le long de la frontière", a-t-il dit lors du troisième sommet Ukraine-Europe du Nord à Stockholm.

Jeudi, le président américain Joe Biden, qui s'y refusait jusqu'ici, a donné son feu vert pour que l'Ukraine frappe sous certaines conditions des cibles sur le sol russe proches de la région ukrainienne de Kharkiv (nord-est) pour protéger cette dernière, selon un responsable américain. "Le président a donné pour mission à son équipe de faire en sorte que l'Ukraine puisse utiliser des armes américaines afin de contre-attaquer dans la région de Kharkiv, de manière à riposter lorsque les forces russes les attaquent ou se préparent à les attaquer", a affirmé cette source.

Cette décision marque un revirement pour les Etats-Unis, qui craignaient jusque-là qu'un tel feu vert n'entraîne l'Otan dans un conflit direct avec la Russie.

En Russie, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a pourtant assuré que des armes américaines étaient "déjà utilisées pour tenter de frapper le territoire russe".

Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, dans le nord-est, est la cible quasi-quotidienne de bombardements venant principalement du territoire russe.

L'Allemagne et d'autres pays ont également accepté

L'Allemagne a également donné son accord vendredi à une telle utilisation de ses armes contre des cibles militaires en Russie pour se défendre des attaques lancées par Moscou notamment dans la région de Kharkiv, a annoncé vendredi le porte-parole du chancelier Olaf Scholz. "L'Ukraine a le droit, garanti par la législation internationale, de se défendre contre ces attaques. Pour ce faire, elle peut également utiliser les armes fournies à cet effet", "y compris celles que nous avons livrées", a déclaré Steffen Hebestreit dans un communiqué.

Ces dernières semaines, la Russie a préparé, coordonné et exécuté des attaques, en particulier dans la région de Kharkiv, à partir de positions situées dans la zone frontalière russe immédiatement adjacente. Ensemble, nous sommes convaincus que l'Ukraine a le droit, garanti par le droit international, de se défendre contre ces attaques", a ajouté M. Hebestreit.

Suède, Finlande, Norvège et Danemark, présents lors du sommet Ukraine-Europe du Nord à Stockholm avec le président Zelensky, ont tous déclaré au cours des derniers jours être d'accord pour que l'Ukraine utilise leurs armes pour frapper des cibles militaires en Russie.

L'Allemagne était réticente

L'Allemagne, comme d'autres pays alliés, avait jusqu'ici exclu l'usage des armements qu'elle fournit à Kiev sur le territoire russe, par crainte d'une escalade, avec en filigrane la menace de l'utilisation de l'arme nucléaire par le président russe Vladimir Poutine. Mais plusieurs pays ont désormais fait évoluer leur position, dont la France et depuis jeudi les États-Unis, mettant le chancelier sous pression.

Lors d'une conférence de presse commune en Allemagne avec Emmanuel Macron mardi, il était encore resté évasif, déclarant que l'Ukraine avait le droit de se défendre en vertu du droit international, sans spécifier si cela incluait l'emploi d'armes occidentales sur des sites militaires en Russie.

Après l'invasion russe en février 2022, l'Allemagne a abandonné sa position traditionnellement pacifiste pour devenir le deuxième fournisseur d'aide militaire à l'Ukraine en valeur absolue, derrière les États-Unis. Berlin a fourni depuis un large éventail d'armements, allant de l'artillerie aux véhicules de combat blindés. Jeudi, le ministre de la Défense Boris Pistorius a promis un nouveau paquet d'aide militaire d'une valeur de 500 millions d'euros à l'Ukraine, lors d'une visite surprise à Odessa, ville portuaire du sud de l'Ukraine.

Le chancelier Olaf Scholz a toutefois été critiqué ces derniers mois pour avoir refusé d'autoriser la fourniture de missiles Taurus à longue portée, l'Allemagne disant craindre que ces missiles ne soient utilisés pour atteindre des cibles à l'intérieur de la Russie.

SG avec AFP