Un chercheur du CNRS refoulé aux Etats-Unis pour des messages anti-Trump

Des passagers pour les vols de départ à l'aéroport intercontinental George Bush, le 2 septembre 2022 à Houston, au Texas (photo d'illustration). - Brandon Bell / Getty images / via AFP
L'Académie des sciences française a appelé dans un communiqué les institutions scientifiques internationales à "dénoncer une dérive autoritaire néfaste pour la science", après le refoulement d'un chercheur français par les États-Unis.
L'académie s'élève "avec vigueur contre cette pratique" après le refoulement le 9 mars, selon le gouvernement français, d'un chercheur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), au motif de la présence dans son téléphone de messages privés considérés comme hostiles à la politique du président Donald Trump.
Pour l'académie, cette décision de refoulement met "gravement en cause les libertés fondamentales du monde académique: liberté de pensée, d'expression et de voyage". Le chercheur dans le domaine spatial a été empêché d'entrer sur le territoire américain où il devait participer à un congrès scientifique.
Un incident "préoccupant"
L'académie "appelle les institutions scientifiques internationales à réagir à cette situation inédite et à dénoncer une dérive autoritaire néfaste pour la science".
Vendredi matin, le ministre de la Recherche et de l'Enseignement supérieur Philippe Baptiste a qualifié l'incident d'"objet de préoccupation", sur Sud Radio, en évoquant un événement "extraordinairement atypique".
"J'ai appris avec préoccupation qu'un chercheur français", en mission pour le CNRS, "qui se rendait à une conférence près de Houston s'est vu interdire l'entrée sur le territoire américain avant d'en être expulsé", assuré le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche Philippe Baptiste dans une déclaration transmise à l'AFP.
"Cette mesure aurait été prise par les autorités américaines parce que le téléphone de ce chercheur contenait des échanges avec des collègues et des relations amicales dans lesquels il exprimait une opinion personnelle sur la politique menée par l'administration Trump en matière de recherche", a-t-il ajouté.
Selon une source diplomatique, l'incident est intervenu le 9 mars. Ce chercheur dans le domaine spatial aurait subi un contrôle aléatoire à son arrivée, au cours duquel son ordinateur professionnel et son téléphone personnel auraient été fouillés.
De même source, des messages évoquant le traitement des scientifiques par l'administration Trump auraient été trouvés. Il lui aurait été reproché des messages "qui traduisent une haine envers Trump et peuvent être qualifiés de terrorisme". Son matériel professionnel et personnel lui aurait été confisqué et le chercheur aurait été renvoyé en Europe le 10 mars.
Cet incident survient alors que depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a multiplié les annonces chocs visant la communauté scientifique (coupes budgétaires brutales, censure de certains sujets dans les recherches subventionnées...). En France, des scientifiques de premier plan se sont mobilisés en soutien.