RMC
International

"Une campagne de famine": des experts de l'ONU accusent Israël d'affamer volontairement les Palestiniens

Des enfants palestiniens eçoivent un traitement contre la malnutrition à l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 30 mai 2024, dans le contexte du conflit en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas.

Des enfants palestiniens eçoivent un traitement contre la malnutrition à l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 30 mai 2024, dans le contexte du conflit en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. - Bashar TALEB / AFP

Dix experts des droits de l'homme de l'ONU ont accusé mardi 9 juillet 2024 Israël de mener une "campagne de famine ciblée", qui entraîne la mort d'enfants à Gaza, ce qu'Israël a immédiatement contesté.

Des experts des droits de l'homme de l'ONU ont accusé mardi 9 juillet 2024 Israël de mener une "campagne de famine ciblée", qui entraîne la mort d'enfants à Gaza, ce qu'Israël a immédiatement contesté.

"Nous déclarons que la campagne de famine intentionnelle et ciblée d'Israël contre le peuple palestinien est une forme de violence génocidaire et a entraîné une famine dans toute la bande de Gaza", ont déclaré dix experts indépendants des Nations Unies dans un communiqué.

"Trente-quatre Palestiniens sont morts de malnutrition depuis le 7 octobre, la majorité étant des enfants", ont ajouté les experts, nommés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, mais qui ne parlent pas au nom de l'ONU.

Famine

Pour ces spécialistes, dont le rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation, Michael Fakhri, il n'y a "pas de doute" que la famine s'est propagée du nord de Gaza au centre et au sud du territoire.

La mission israélienne auprès de l'ONU à Genève, a vivement contesté ces déclarations accusant "M. Fakhri, et de nombreux soi-disant experts qui se sont joints à sa déclaration" d'être "coutumiers tant de la désinformation que du soutien à la propagande du Hamas".

Trois enfants sont morts récemment "de malnutrition et de manque d'accès à des soins de santé adéquats", dans le centre et le sud de la bande de Gaza, ont argumenté les experts de l'ONU, alors que seul le nord du territoire semblait touché jusqu'alors.

"Fayez Ataya, âgé d'à peine six mois, est décédé le 30 mai 2024 et Abdulqader Al-Serhi, 13 ans, est décédé le 1er juin 2024 à l'hôpital Al-Aqsa de Deir Al-Balah", dans le centre de la bande de Gaza, ont-ils précisé.

Ahmad Abu Reida, neuf ans, est décédé deux jours plus tard "dans la tente abritant sa famille déplacée à Al-Mawasi, Khan Younès", dans le sud du territoire, ont-ils poursuivi. "Avec la mort de faim de ces enfants malgré un traitement médical", il ne fait aucun doute que la famine s'est propagée" au centre et au sud de Gaza, ont-ils déclaré.

Le monde entier "complice"

"Le monde entier aurait dû intervenir plus tôt pour mettre fin à la campagne génocidaire de famine menée par Israël et empêcher ces morts", ont martelé les experts. Car il était clair que la famine frappait le nord du territoire depuis la mort d'un bébé de deux mois et de Yazan Al Kafarneh, 10 ans, respectivement le 24 février et le 4 mars, selon eux.

"Ne pas agir, c'est être complice", ont-ils estimé.

Soixante cas de la forme de malnutrition la plus mortelle ont été détectés la semaine dernière dans un même établissement médical, l'hôpital pédiatrique Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza, a de son côté annoncé mardi l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'ONU avertit depuis plusieurs mois qu'une famine menace la bande de Gaza, en particulier le nord du territoire.

Selon le rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publié le 25 juin, sur lequel se basent les agences des Nations unies, l'accès à l'aide humanitaire a permis d'éviter la famine redoutée dans la précédente évaluation publiée en mars, a rappelé la mission israëlienne.

Le 27 juin, Israël avait rejeté ce rapport qui affirmait par ailleurs qu'un demi-million d'habitants (22%) de Gaza étaient confrontés à une situation alimentaire "catastrophique".

"Depuis le début de la guerre, plus de 565.000 tonnes de nourriture sont entrées à Gaza", a argumenté mardi la mission israëlienne accusant les militants du Hamas de "voler" et de "dissimuler intentionnellement l'aide aux civils".

Gaza est confrontée à une crise humanitaire très grave dans le cadre de la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre, qui a fait 1.195 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres israéliens. En réponse, Israël a lancé une offensive militaire qui jusqu'à présent a fait au moins 38.243 morts à Gaza, également pour la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du territoire dirigé par le Hamas.

Plus de 10 morts dans un raid sur une école

Une source médicale dans la bande de Gaza a indiqué mardi 9 juillet qu'une frappe sur une école avait fait plus de 10 morts à Abassan, dans le sud du territoire palestinien en proie à la guerre entre Israël et le Hamas.

"Plus de 10 martyrs et des dizaines de blessés jusqu'à présent dans une frappe ayant visé la porte de l'école Al-Awda d'Abassan à l'est de Khan Younès (sud)", a rapporté cette source à l'hôpital Nasser de Khan Younès.

Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne a dit vérifier ces informations. Trois écoles abritant des déplacés ont été touchées depuis samedi par des frappes israéliennes qui ont fait au moins 20 morts.

RMC avec AFP