"Vive la Catalogne libre": Carles Puigdemont de nouveau en fuite après être retourné en Espagne, 7 ans après son exil

Carles Puigdemont à Barcelone, le 8 août 2024, sept ans après son exil de Catalogne. - Cesar Manso / AFP
La police catalane tente depuis ce jeudi 8 août 2024 de retrouver le leader indépendantiste Carles Puigdemont, qui n'avait plus mis un pied en Espagne depuis sept ans avant de faire une apparition éclair à Barcelone et de disparaître de nouveau, se jouant du mandat d'arrêt le visant toujours. En milieu de matinée, le bruit court parmi les milliers de sympathisants venus assister au retour de Carles Puigdemont près du Parlement: il a de nouveau pris la fuite.
Vaste opération policière
La police catalane, los Mossos d'Esquadra, met en place dans la foulée une vaste opération policière, donnant lieu à des contrôles de véhicules dans les rues de Barcelone et sur les routes de Catalogne, comme ont pu le constater des journalistes de l'AFP.
Un Mosso a lui-même été arrêté au cours de ces opérations, soupçonné d'être le propriétaire de la voiture qui a permis au dirigeant catalan de 61 ans de s'enfuir après avoir pris la parole près du Parlement régional catalan, a précisé la police catalane dans un communiqué.
Un second policier catalan a été arrêté après la fuite du leader indépendantiste, a annoncé à l'AFP la police catalane. Il s'agit du deuxième Mosso interpellé pour son rôle présumé dans l'évasion de l'homme fort de la tentative de sécession de la Catalogne.
Un retour annoncé depuis plusieurs jours
Une fois descendu de la scène où il n'est resté que quelques minutes, Carles Puigdemont a "pris la fuite, profitant du nombre de personnes qui l'entouraient, à bord d'un véhicule que la police a tenté d'arrêter, en vain", ont expliqué les Mossos.
"Le dispositif prévoyait une arrestation menée de manière proportionnée et au moment le plus approprié afin de ne pas générer de troubles à l'ordre public", ont-ils ajouté, indiquant avoir procédé à deux arrestations dans de brefs incidents près du Parlement.
L'ex-président de l'exécutif régional, qui avait fui l'Espagne en 2017 pour échapper aux poursuites le visant pour son rôle dans la tentative avortée de sécession de la région, avait soigneusement mis en scène son retour, qu'il avait lui-même annoncé au cours des derniers jours. Il a passé les sept dernières années en Belgique et en France.
Sous les acclamations de la foule de quelques milliers de personnes, le leader de Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne) est monté vers 9h sur la scène installée devant l'arc de triomphe de Barcelone, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Je ne sais pas combien de temps va passer avant que nous puissions nous voir à nouveau, mes amis, mais peu importe ce qu'il se passe, quand nous nous reverrons, j'espère que nous pourrons crier de nouveau bien fort ensemble (...): Vive la Catalogne libre", a lancé à ses sympathisants l'ancien président catalan.
Après son discours, ses sympathisants ont pris la direction du Parlement, où était organisée l'élection du nouveau président de l'exécutif régional, le socialiste Salvador Illa, à laquelle Carles Puigdemont avait plusieurs fois annoncé son intention de participer.
Mais Carles Puigdemont ne s'est finalement jamais rendu au Parlement, où les débats ont été interrompus dans l'après-midi, pour l'étude d'une demande de suspension de la séance de Junts.
Toujours visé par un mandat d'arrêt malgré la loi d'amnistie négociée par Pedro Sanchez en échange du soutien de Junts à son gouvernement, Carles Puigdemont savait avec son retour qu'il risquait d'être arrêté à tout instant.
Très critiquée par l'opposition, cette loi d'amnistie est au cœur de multiples débats juridiques. Le 1er juillet, la Cour suprême a décidé qu'elle ne s'appliquait qu'à certains des délits reprochés au dirigeant indépendantiste.
"Une humiliation insupportable"
"Une humiliation insupportable. Une de plus. C'est douloureux d'assister en direct à ce délire, dont (le Premier ministre Pedro Sanchez) est le principal responsable", a fustigé sur X le président du Parti populaire (PP, droite) Alberto Núñez Feijóo.
"Ils cherchent le président Puigdemont de la même manière que la police nationale et la garde civile cherchaient les urnes et les bulletins de vote juste avant le 1er octobre", date du référendum illégal d'autodétermination organisé par le leader indépendantiste en 2017, a ironisé pendant le débat d'investiture Albert Batet, leader de Junts au Parlement catalan.
Après des mois de tractations depuis les élections de mai qui avaient vu les socialistes devancer le parti de Carles Puigdemont, mais sans obtenir la majorité absolue, un accord de coalition a finalement vu le jour la semaine dernière. Notamment soutenu par les séparatistes de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), au grand dam de Junts. Le socialiste Salvador Illan, proche du Premier ministre Pedro Sanchez, a été élu ce jeudi président de la région de Catalogne. Le parti de Carles Puigdemont a demandé, en vain, le report de cette session d'investiture.