Interpellations à Calais: la vague d'agressions de migrants va-t-elle cesser?

La route qui longe le tunnel sous la Manche, près de la jungle de Calais. - Philippe Huguen - AFP
La vague d'agressions contre les migrants à Calais et Grande-Synthe va-t-elle cesser après l'interpellation de sept personnes en flagrant délit dans la nuit de mercredi à jeudi à Loon-Plage, près de Dunkerque ? Cagoulés, ils avaient agressé quatre migrants, des Kurdes irakiens, à coup de matraque et de barre de fer. Les sept suspects - la plupart originaires du Pas-de-Calais - ont été placés en garde à vue. Ils pourraient être impliqués dans une série d’autres agressions violentes. 83 migrants victimes d’agressions ciblées ont en effet été recensées depuis août dernier par les associations sur place. Des migrants qui refusent souvent de porter plainte, de peur notamment d'entraver leur chance de traverser la Manche, ou par crainte des procédures policières, ou à cause de l'absence de papiers d'identité.
Fin janvier, le procureur de Boulogne-sur-Mer avait ouvert une enquête préliminaire après l’agression de trois Syriens dans le centre-ville de Calais. Pour les associations cette violence à l’égard des migrants n’est pas nouvelle, mais elle s’est aggravée ces derniers mois.
"Les agresseurs se présentent comme policiers"
Amin Baghdouche, coordinateur de Médecins du Monde à Calais, raconte à RMC que les agressions suivent presque toujours le même modus operandi. "Les agresseurs se présentent comme policiers, en bleu marine ou en noir, avec des cagoules, armés pour certains de bombes lacrymogènes, de bâtons et de barres de fer. Les migrants qui ne parlent pas français, entendant 'police', s'arrêtent et ensuite ils les encerclent, les menacent, les gazent, leur demandent de se mettre nus. Et une fois qu'ils sont nus, ils les tabassent". Pour lui, c'est un miracle qu'il n'y ait pas eu de décès, même s'il évoque des "accidents très graves".
Alors quand il fait nuit, Zimako, un jeune Nigérien, ne s’attarde pas trop en dehors du camp. "J'ai des copains qui se sont fait agresser au retour de l'hôpital, raconte-t-il. Parfois il y a un camion qui passe et avec des barres de fer, ils les cassent (sic)".
"Une fois qu'il fait sombre, c'est désert ici"
"Le plus grand nombre d'agressions a eu lieu sur ce parcours, entre la ville et le camp", explique à RMC Georges, bénévole de l’association d’aide aux migrants Salam. Au volant de sa camionnette, il roule doucement, attentif au moindre mouvement. "Une fois qu'il fait sombre, c'est désert ici et c'est le meilleur endroit probablement pour agresser quelqu'un sans se faire repérer", estime-t-il. Pour son épouse Claudine, c’est un sujet d’inquiétude supplémentaire. "Déjà quand on voit le vent, la pluie, on se demande comment (les migrants) passent la nuit. Alors si en plus ils se font agresser par des gens qui sont en voiture, qui se disent : 'tiens il y en a deux, on est quatre, on va aller casser du migrant, je trouve ça désolant !".