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Jacqueline Jencquel, 74 ans, a planifié sa mort: "J'ai vécu ma vie de façon libre, je ne veux pas devenir dépendante"

A 74 ans, Jacqueline Jencquel, Française résidente en Suisse, a fait le choix de mourir en 2020. La septuagénaire ne souffre d'aucune maladie incurable, elle souhaite simplement "ne pas sombrer dans la dépendance".

Jacqueline Jencquel a décidé de mourir. Ce sera en 2020, même si la date exacte n'est pas encore arrêtée. Elle sait aussi comment cela aura lieu: "Je serai avec un médecin qui contrôlera la perfusion, moi, moi je tournerai le robinet de cette perfusion après avoir dit devant une caméra que je souhaite mourir". Elle met en avant son combat pour l’IVV, "l’interruption volontaire de vieillesse".

A 74 ans, -"75 en octobre", tient-elle à préciser-, Jacqueline Jencquel n'est pourtant pas atteinte d'une maladie incurable, mais ne veut pas finir sa vie grabataire:

"Je n'ai pas envie de me justifier par des raisons médicales. Je milite pour les droits des vieux, j'emploie ce terme exprès parce que ces euphémismes qu'on emploie en disant les personnes âgées, les seniors, ça ne dit pas la vérité, on est vieux, on est vieux. Les vieux sont infantilisés, on les met dans des mouroirs quand ils ne sont plus capables de s'occuper d'eux-mêmes, je trouve qu'il faudrait un ministère pour le droit des vieux. Je me bats pour le droit de choisir. Mon propos n'est pas du tout d'inciter au suicide".

"Je me suis occupé de beaucoup de personnes en fin de vie"

"J’ai accepté cette médiatisation pour faire bouger la loi en France. Pour qu’on laisse choisir les vieux. Je ne recherche aucune notoriété" expliquait-elle chez nos confrères de Konbini, dans une vidéo largement partagée sur Internet. 

Sur RMC, cette Française résidente en Suisse qui milite à l'ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) rappelle qu'elle a fait son choix en toute connaissance de cause et souhaite le faire tant qu'elle a sa pleine conscience:

"Je me suis occupé de personnes en fin de vie, j'en ai vu beaucoup et je vois à partir de quand les symptômes commencent et à partir de quand, ils ne sont plus capables de prendre de décision. Ils commencent aussi à avoir la trouille".

En France, le suicide "assisté" n'existe pas, contrairement à la Suisse, là où veut mourir Jacqueline. Selon un sondage Ifop, en janvier 2018, juste avant le lancement des Etats généraux de la bioéthique, 18% des Français favorables à la légalisation du suicide assisté, 47% favorables à la légalisation de l’euthanasie. En France, cette pratique reste illégale et est considérée comme une "provocation au suicide", passible de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. En Suisse, ce n’est pas légalisé mais "toléré".

P.B.