Jean-Luc Mélenchon confiant dans son étoile pour 2012

Jean-Luc Mélenchon attend "le coeur tranquille" le verdict des communistes sur son offre de candidature à la présidentielle sous la bannière du Front de gauche. Les militants du PCF doivent décider les 4 et 5 juin s'ils optent ou non pour la stratégie du - -
par Gérard Bon
PARIS (Reuters) - Jean-Luc Mélenchon attend "le coeur tranquille" le verdict des communistes sur son offre de candidature à la présidentielle sous la bannière du Front de gauche.
Les militants du PCF doivent décider les 4 et 5 juin s'ils optent ou non pour la stratégie du Front de gauche en 2012 et, si cette option est retenue, qui portera cette candidature.
Un temps contesté pour avoir revendiqué un "certain populisme" et multiplié les déclarations tonitruantes, Jean-Luc Mélenchon s'est assagi et a conduit avec succès la coalition PCF-Parti de gauche aux élections cantonales de mars dernier.
Le Front de gauche a en effet obtenu 10% des voix en moyenne dans les cantons où il était présent.
"Je ne suis plus anxieux. J'ai fait mon devoir, j'ai le coeur tranquille. Le Front de gauche est un bel outil et advienne que pourra", disait Jean-Luc Mélenchon mardi à des journalistes, en marge d'un meeting de la coalition.
Transfuge du Parti socialiste, contre lequel il a la dent dure, le député européen dit exclure "toute aventure personnelle" et vouloir simplement impulser une véritable politique de gauche en France.
"La campagne pour le Front de gauche, ce n'est pas une seule personne. Notre force, ça va être le déploiement militant", dit-il en réponse à ceux qui l'accusent de tisser sa toile antilibérale en faisant une OPA sur le PCF.
La direction communiste, conduite par Pierre Laurent, a implicitement choisi l'option Mélenchon et nombre de cadres pensent que la conférence nationale prévue début juin n'aura d'autre choix que d'entériner cette stratégie.
COUP DE FORCE DU PCF ?
Le PCF, qui a recueilli jusqu'à un quart des suffrages exprimés aux débuts de la Ve République, n'a été absent de l'élection présidentielle qu'en 1974, François Mitterrand étant alors candidat unique de la gauche.
Mais son déclin continu et le score catastrophique à la présidentielle de 2007 de Marie-George Buffet, moins de 2% des voix, l'incitent à poursuivre l'alliance avec Mélenchon et les petites formations engagées dans le Front de gauche.
Cependant, tout n'est pas encore joué pour Jean-Luc Mélenchon, qui doit convaincre la base communiste.
D'autres membres du PCF sont en effet "candidats à la candidature", dont les députés André Chassaigne et André Gérin, ce dernier défendant l'idée d'une candidature purement communiste.
Un troisième postulant, Emmanuel Dang Tran, voudrait lui aussi que le PCF présente son propre présidentiable et estime que la candidature d'André Chassaigne n'est qu'un leurre lancé par la direction.
"Chassaigne pourrait avoir une énorme majorité derrière lui mais il est attaché à l'idée du Front de gauche et il s'effacera" au profit de Jean-Luc Mélenchon, dit-il à Reuters.
"Le coup de force de la direction va passer parce que la conférence nationale est verrouillée, mais ça créera des remous", ajoute-t-il.
Parallèlement, Jean-Luc Mélenchon doit négocier avec le PCF un accord global sur la stratégie politique et les élections législatives qui suivront la présidentielle.
Elles s'annoncent animées, car Jean-Luc Mélenchon plaide pour des discussions sur la base de 50% de candidats PCF, 30% pour son parti et 20% pour la Gauche unitaire et autres associatifs ou syndicalistes. Quant au PCF, il en revendique 80%, à en croire le journal communiste L'Humanité.
L'autre difficulté concerne les rapports avec le Parti socialiste, auquel Jean-Luc Mélenchon ne fait pas de cadeau, contrairement au PCF qui dépend des socialistes pour conserver ses élus dans le cadre d'alliances électorales.
Edité par Patrick Vignal