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Jean-Luc Mélenchon vise un score à deux chiffres

Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche qui s'est pour l'instant hissé entre 7% et 9% des intentions de vote dans les sondages, vise un score à deux chiffres qui lui permettrait de peser sur une éventuelle majorité de gauche. /Photo prise le 14 ja

Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche qui s'est pour l'instant hissé entre 7% et 9% des intentions de vote dans les sondages, vise un score à deux chiffres qui lui permettrait de peser sur une éventuelle majorité de gauche. /Photo prise le 14 ja - -

par Gérard Bon PARIS (Reuters) - Tribun hors pair et batailleur, le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, constitue la surprise du début...

par Gérard Bon

PARIS (Reuters) - Tribun hors pair et batailleur, le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, constitue la surprise du début de la campagne présidentielle et vise un score à deux chiffres qui lui permettrait de peser sur une éventuelle majorité de gauche.

Le député européen s'est pour l'instant hissé entre 7% et 9% des intentions de vote dans les sondages en dépit du réflexe de vote utile dont bénéficie, selon des politologues, le socialiste François Hollande.

Pour en arriver là, l'ancien socialiste, allié au Parti communiste, a placé la barre à gauche toute, en multipliant les meetings, où il entre en scène le poing levé au milieu des drapeaux rouges, et les formules choc.

"Qu'ils s'en aillent tous !". Le titre de son livre, réédité au début de sa campagne, résume le style Mélenchon, qui fait salle comble à chaque déplacement et estime avoir créé un genre, le "meeting d'éducation populaire".

En trois jours, la semaine dernière, le "républicain rouge" a rassemblé 20.000 personnes, selon ses proches.

Taxé parfois de populisme, il revendique une manière de parler "fort et cru" adaptée à la "révolution citoyenne" qu'il appelle de ses voeux. Et ses proches s'élèvent contre ceux qui le présentent comme "un Le Pen de gauche."

"Il s'inscrit dans une tradition de gauche délaissée lors des précédentes campagnes. C'est un tribun de gauche. Les candidats du Parti communiste avaient moins de talent oratoire et moins de charisme", souligne Frédéric Micheau, de l'Ifop.

La première victoire de Jean-Luc Mélenchon est d'avoir réussi à fédérer une grande partie de la "gauche de la gauche" au point de siphonner l'électorat d'extrême gauche et une partie de celui de la candidate des écologistes, Eva Joly.

Pour élargir son audience et asseoir la légitimité de la "l'autre gauche", le président du Parti de gauche est parti à la reconquête de l'électorat ouvrier, qui, selon plusieurs études, place la présidente du Front national en tête des candidats.

Lundi, à "l'Usine", le siège de campagne du Front de gauche aux Lilas, dans la banlieue parisienne, Jean-Luc Mélenchon reçoit précisément des délégations de femmes salariées, en lutte

contre des licenciements ou des délocalisations.

"TAPER, TAPER ET TAPER ENCORE"

"J'aimerais être utile, mais je ne sais pas comment. Là, c'est une addition de mauvais traitements sociaux", dit-il.

Il écoute ensuite une représentante de l'entreprise Sodimédical, en Champagne, dans la circonscription du ministre de l'Economie François Baroin, raconter comment les 54 salariées se retrouvent depuis près de cinq mois sans salaire.

La justice a refusé à plusieurs reprises leur licenciement et condamné une première fois la société, qui fabrique des bras opératoires pour les hôpitaux et s'est progressivement délocalisée en Chine, à verser les salaires.

Mais la maison-mère, Lohmann & Rauscher France (L&R), a demandé en novembre dernier à être placée en procédure de sauvegarde, ce qui ne permet plus aux tribunaux de la contraindre à payer les employées.

"Depuis, on met de l'essence pour aller pointer tous les jours, mais on ne nous donne pas de travail à faire et on ne touche pas nos salaires", explique Angélique.

Prennent ensuite la parole des représentantes des employées des 35 boutiques que le groupe de vente à distance 3 Suisses International a récemment fermées en licenciant les 150 salariées dans le cadre d'un plan de modernisation.

"Pour se battre, c'est difficile parce qu'on est éparpillées dans toute la France. Mais on ne veut pas être les oubliées des 3 Suisses", explique une porte-parole, estimant que le licenciement économique n'a aucune raison d'être de la part d'un groupe florissant.

"Quelle honte !", s'exclame Jean-Luc Mélenchon, pour qui "il faut taper, taper, et taper encore, il ne reste que ça".

L'ancien sénateur se veut également sans concessions dans la critique du sarkozysme. "Qu'ils s'en aillent tous !", slogan des révolutions sud-américaines, renvoie au "casse-toi, pauv'con" de Nicolas Sarkozy.

Il vise pêle-mêle le "conseil d'administration gouvernemental de la clique du Fouquet's", les "patrons hors de prix", les "émigrés fiscaux" et les "antihéros du sport gorgés d'argent".

Dans Libération, Jean-Luc Mélenchon justifiait récemment son combat frontal contre Marine Le Pen non par le souci de récupérer des voix, mais par celui de "combattre le racisme et la xénophobie".

Il veut aussi convaincre les abstentionnistes, ceux qui pensent que "tous les dirigeants sont les mêmes" et que "les élections ne sont pas pour eux".

"Les mauvais jours finiront. Le peuple est sur les places. Place au peuple", écrit-il en conclusion de son livre.

Edité par Patrick Vignal

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