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L'accord PS/Verts tourne à «l'accident nucléaire»

Christophe Jakubyszyn.

Christophe Jakubyszyn. - -

L’accord PS - Europe Écologie Les Verts aura duré 48 heures. «Accident nucléaire» titre Libération ce matin. Le Parti Socialiste a réécrit en catimini le texte signé mardi, enlevant un paragraphe entier concernant le retraitement du combustible nucléaire Mox.

Commençons par raconter ce qui s’est passé mardi soir au bureau national du Parti Socialiste qui devait valider l’accord signé à 15h30 par Martine Aubry et Cécile Duflot.
Plusieurs dirigeants socialistes reçoivent des SMS au milieu de la réunion leur demandant de retirer un paragraphe dans le texte de l’accord. Il y a débat. Certains participants ne comprennent pas qu’on leur demande ça, alors que le texte a déjà été paraphé par les Verts. Arrive le moment du vote: Séphane le Foll, l’un des lieutenants historiques de François Hollande fait irruption dans la salle en disant: « Attendez, attendez, il faut enlever…». Aubry, à la tribune, l’interrompt en disant: « Oui, oui, c'est bon, on vote…».

Areva s’invite dans l’accord

Le paragraphe coupé c’est celui de la page 16 du document qui en comprend 26 : un paragraphe qui prévoit « la reconversion à emploi constant de la filière du retraitement et de fabrication du MOX, et des moyens de stockage des différents types de déchets notamment le laboratoire de Bure ». Traduction: la fin de la filière française de retraitement du combustible pour pouvoir le réutiliser dans les réacteurs. Deux usines sont concernées : l'usine de retraitement de La Hague et l'usine Melox dans le Gard, toutes deux gérées par Areva. Ce paragraphe a été retiré par les socialistes parce qu’Areva a appelé dans la journée le responsable socialiste Bernard Cazeneuve pour lui faire part « des conséquences économiques, sociales, industrielles, environnementales très graves » de l’arrêt de la filière Mox. Est-ce le lobby nucléaire qui a réécrit l’accord ? Réponse de François Hollande hier soir sur TF1 : « On parle de lobby nucléaire mais ce sont des entreprises. Des entreprises publiques : Areva, EDF, ce sont des emplois et des syndicats. Il y a des personnels qui se posent des questions et il faut les rassurer. C’est normal ».

Fin de l’accord

Du coup il n’y a plus d’accord entre socialistes et verts. Hier soir c’est un véritable dialogue de sourds auquel on a assisté entre François Hollande et Cécile Duflot par médias interposés - respectivement sur TF1 et France 2. Cécile Duflot a expliqué que « ce qui est écrit dans cet accord entre nous, c’est que nous engagerons à emplois constants la reconversion de la filière du retraitement. Voilà ce que nous avons acté ensemble. Moi je m’en tiens à cette décision-là qui n’a été remise en cause par personne. Donc j’ai aucun doute sur le fait que la parole qui a été donnée par le Parti Socialiste sera tenue ». Au même moment sur TF1, François Hollande expliquait : « Nous ne sommes en désaccord. La sortie du nucléaire, je n’y suis pas favorable. Le réacteur de troisième génération, je suis pour le poursuivre si les conditions de sécurité sont réunies. Je suis pour qu’il y ait encore du retraitement du combustible, il le faut pendant le temps nécessaire. Nous sommes en désaccord sur ce point-là mais sur tout le reste nous sommes en accord ».

Hollande et le PS pas sur la même ligne ?

Benoît Hamon, le porte-parole du PS a tenté d’expliquer qu’il s’agissait d'«un retrait temporaire». Le porte-parole du PS explique que: «Ce paragraphe faisant l'objet de deux interprétations différentes. On l'a provisoirement mis de côté, le temps d'en rediscuter, de clarifier l'interprétation qu'on en faisait avec nos partenaires ». Mise au point immédiate d’un des principaux lieutenants de François Hollande dans la soirée : « Il y a ce que dit le parti, et il y a ce que dit François Hollande ». Ça commence bien au Parti Socialiste.

Christophe Jakubyszyn