La campagne électorale de Monsieur Hulot

Une journée de campagne de Nicolas Hulot - -
L'animateur de télévision, qui est candidat à la primaire écologiste pour la présidentielle de 2012, a poursuivi cette semaine son tour de France qui l'a emmené à Toulouse mercredi, à Montpellier jeudi et ce vendredi à Marseille.
Etapes obligées pour Nicolas Hulot, qui veut prendre de l'avance sur Eva Joly, sa principale concurrente aux primaires écologistes du 24 juin - le 9 juillet en cas de second tour -, avant d'entamer, éventuellement, une campagne présidentielle qu'il promet déjà "différente".
MERCREDI 25 MAI, 12H30, aéroport de Toulouse-Blagnac.
Le candidat, qui est âgé de 56 ans, arrive de Paris, tout sourire, malgré son bras droit dans le plâtre. "Ça m'est arrivé hier", dit-il sans trop se plaindre, digne de l'image d'aventurier donnée dans ses documentaires. "Triple fracture!".
En bon connaisseur, déjà, de la chose politique et de ses chausse-trappes, il précise qu'il est "tombé de vélo, à Saint-Malo, en allant prendre le train pour Paris".
Venus l'accueillir, quelques militants rigolent mais le message est clair: l'homme est sincère puisqu'il roule à vélo et prend le train, comme un bon écologiste.
Pantalon de toile juste élimé, polo rose, petit sac à dos, portable en main et air un peu dans la lune finissent d'achever le portrait de l'homme ordinaire.
"Il ne joue pas un rôle, il est comme ça", assure son porte-parole, Jean-Paul Besset. "D'ailleurs, pour son côté rêveur, on ne le sait pas, mais c'est son grand-père qui inspira directement le film de Jacques Tati, Les vacances de Monsieur Hulot. Ils étaient voisins et amis à Paris."
13H30: Repas avec des responsables locaux d'Europe Ecologie. Dans un restaurant bio de la ville, bien sûr. Chacun va se servir, c'est à la bonne franquette. Chacun paie en partant.
Nouveau message clair appuyé par le porte-parole. "Pas de comptes de campagne. Même pas encore de local à Paris. Donc pas de dépenses somptuaires. De toute façon, ce n'est pas le genre".
Entretemps, à table, le candidat, qui passe son temps à fabriquer des mini-boulettes de mie de pain, a dit aux militants que "pour l'instant, ma campagne est classique. Mais si je gagne les primaires, là, ce sera complètement différent".
Différent ? "Je ne suis pas venu en politique pour faire comme les autres", précise t-il. "Ne comptez pas sur moi pour les petites phrases assassines. Il faudra rassurer, expliquer. Transformer le désespoir de certains électeurs du Front national en espoir écologique. C'est possible si nous sommes différents".
15H00 : Rencontre avec la presse locale dans un bar 'branché' après une petite balade à pied. Le discours change légèrement. "Chemin faisant", explique l'homme d'Ushuaïa, "je pense que cette primaire était indispensable pour acquérir une légitimité auprès des militants. Au départ, ils étaient méfiants. Je crois que les choses sont en train de bouger. Globalement, ça se passe bien".
La candidature de la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde au poste de directeur général du Fonds monétaire international, où elle remplacerait Dominique Strauss-Kahn, inculpé de tentative de viol aux Etats-Unis ?
"Elle est sûrement compétente mais il est temps que le FMI change sa grille de lecture. Le monde change. Il faut faire de la place aux pays émergents". Son prédécesseur ? Silence radio.
Le démontage des panneaux signalant la présence de radars ? "D'accord pour démonter ces panneaux mais il faudrait surtout inciter les constructeurs européens à faire des voitures moins rapides, moins puissantes, moins lourdes donc plus économes. Tant pis pour les pétroliers s'ils ne veulent pas s'adapter !".
Une question "écologiste", pour finir, sur la réintroduction d'ours slovènes dans les Pyrénées, qui fait débat.
"La encore, il faut de la cohérence. Au-delà de tensions que je ne comprends pas, il faut installer une économie autour de l'ours dont chacun profitera. Comme pour le reste, il faut avoir une vision plus globale", explique-t-il.
16H30 : Rencontre avec une dizaine d'élus locaux proches de la cause écologiste. "Il faut y croire, être ambitieux. Tirer profit d'une formidable fenêtre de tir. L'actualité nous a donné raison, le temps de l'écologie est venu", leur dit-il.
"Il faut rassurer, même les financiers. Montrer que ce que nous avons su faire au niveau local, nous pourrons le faire au plan national. Ce n'est pas les convertis qu'il faut aller chercher, mais les hésitants. Convaincre les gens en attente".
20H00 : Après un passage obligé sur le plateau de France 3, le candidat Hulot retrouve une nuée de militants dans une salle municipale. Cette fois, tout y passe. Le ton est détendu, le courant passe. "Nicolas-Nicolas !", crie la salle.
22h30 : Etape toulousaine terminée. Fidèle à lui même, le candidat ne cherche même pas à se faire rassurer par son entourage pour savoir si ça a "pris". Il est tard. Direction l'hôtel. Demain sera un autre jour. Monsieur Hulot va dormir.
Par Nicolas Fichot, édité par Yves Clarisse