La candidature Hollande est un coup de bluff

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La candidature de François hollande est un coup de bluff parce qu’il a beau dire qu’il se lance dans la course à la désignation pour gagner, personne n’arrive vraiment à y croire. Même pas lui. La preuve : il voulait annoncer son entrée en lice vendredi, c’est-à-dire le lendemain de sa réélection à la tête du département. Il avait dit, dimanche, qu’il se déciderait « sans se précipiter mais sans tergiverser ». La traduction, c’était une annonce vendredi. Quand il a réalisé que ça tombait le 1er avril, il a changé d’avis. Il a eu peur que tout le monde croie à une blague ! C’est dire qu’il se sent moins assuré qu’il ne le dit. Ça ne fait pas très « force tranquille »…
Il apparaît comme un outsider, mais a-t-il vraiment aucune chance ?
A priori, il n' a pas beaucoup de chance. Disons que c’est un candidat qui s’impose plus qu’un candidat qui en impose. Il s’impose au sens du trouble-fête. Il s’immisce dans un scénario qui n’était pas conçu pour lui – et même qui est, sur le papier, lui est nettement défavorable. La primaire du PS, elle a été construite pour mettre sur orbite un candidat qui serait déjà un poids lourd (le profil DSK ou Martine Aubry) et pour mettre en valeur des prétendants qui ont besoin de faire leur trou (type Montebourg ou Valls). Hollande n’est ni l’un ni l’autre. Lui, c’est un plutôt un candidat par défaut. Il n’a ni l’expérience du pouvoir qu’ont DSK ou Aubry ni la radicalité d’un Montebourg. Il rêve d’être le dénominateur commun des socialistes. En maths, on dirait plutôt : le commun diviseur…
Cela veut-il dire qu'il mise uniquement sur l’échec des autres prétendants ?
Son calcul de départ reposait sur l’idée que DSK ne serait pas candidat. Et celui d’aujourd’hui sur l’idée qu’il pourrait encore dissuader DSK de revenir. Il a contribué à marginaliser Ségolène Royal et il s’est toujours dit qu’il pourrait l’emporter sur Martine Aubry. C’est pourquoi il a choisi d’apparaître comme celui qui réfléchit, qui produit des idées, pendant qu’elle se coltinait la direction du PS. Il est bien placé pour savoir que c’est un poste qui empêche de réfléchir : il a été 1er secrétaire pendant 10 ans ! C’est d’ailleurs son plus gros handicap : après la déroute de Jospin en 2002, il n’a jamais été capable d’imposer au PS les remises en cause nécessaires. On se demande bien pourquoi il y arriverait mieux en 2012…
A-t-il quand-même quelques qualités de présidentiable ?
Deux : une grande habileté politique et un excellent réseau dans les médias. Pour ce qui est des idées, c’est moins évident. A part quelques propositions pertinentes sur la fiscalité, c’est le flou. Je suis allé sur son site internet, je n’ai rien trouvé d’autres que des interviews parues dans la presse. Mais il publiera, le 4 mai, un nouveau livre : « Un Destin pour la France ». Il a dû l’écrire pendant la campagne des cantonales, celle qui était si difficile qu’il avait tellement peur de perdre. Là aussi, c’était du bluff – et là aussi, tout le monde le savait. J’ai cherché aussi une position tranchée de sa part depuis dimanche sur le cas Guérini, à Marseille, qui embarrasse tant les socialistes. Je n’ai rien trouvé. Le courage, c’est aussi une vertu pour un présidentiable.
Ecoutez «le parti pris» de ce jeudi 31 mars avec Hervé Gattegno et Jean-Jacques Bourdin: