RMC

La droite tourmentée face au Front national

Lors du discours de Marine Le Pen devant ses partisans à l'issue du défilé de son parti en l'honneur de Jeanne d'Arc, à Paris, mardi. La question de la ligne politique et de la stratégie à adopter envers le FN en vue du scrutin législatif reste entière à

Lors du discours de Marine Le Pen devant ses partisans à l'issue du défilé de son parti en l'honneur de Jeanne d'Arc, à Paris, mardi. La question de la ligne politique et de la stratégie à adopter envers le FN en vue du scrutin législatif reste entière à - -

par Thierry Lévêque PARIS (Reuters) - Avant même de savoir si son candidat restera ou non à l'Elysée, la droite française est confrontée à la...

par Thierry Lévêque

PARIS (Reuters) - Avant même de savoir si son candidat restera ou non à l'Elysée, la droite française est confrontée à la question de ses rapports avec une extrême-droite en forte progression, dans la perspective des élections législatives de juin qui s'annoncent difficiles.

Plusieurs personnalités de la majorité ont rejeté mercredi les propos du ministre UMP de la Défense Gérard Longuet considérant comme une "interlocutrice" possible la présidente du Front national Marine Le Pen. Mais la question de la ligne politique et de la stratégie à adopter envers le FN en vue du scrutin législatif reste entière.

Il n'est certes pas question d'alliance entre l'UMP et le FN, qui a recueilli 17,9% des voix au premier tour de la présidentielle, son meilleur score sous la Ve République, disent plusieurs personnalités de la majorité.

"La déclaration de Gérard Longuet est regrettable sur le fond et inopportune sur la forme. Elle est venue parasiter un peu la soirée d'hier soir alors que le discours de Nicolas Sarkozy était fort et puissant. C'est une position qui ne nous a pas servis", a dit l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin sur France Info.

La porte-parole du gouvernement Valérie Pécresse a également exprimé son désaccord avec Gérard Longuet.

"Non, je crois que Marine Le Pen n'est pas plus un interlocuteur que son père. Mais, plus fondamental, je pense qu'aujourd'hui le président de la République ne doit pas s'adresser aux chefs de partis, (...) il doit s'adresser à tous les Français", a-t-elle dit sur France 2.

Le débat est pourtant ouvert et il est d'autant plus vif que Nicolas Sarkozy a explicitement décidé de s'adresser entre les deux tours aux électeurs du FN.

QUEL VOTE EN CAS DE DUEL PS-FN ?

Conformément à son programme où il propose de réduire l'immigration légale, le président sortant répète désormais dans ses meetings qu'à ses yeux, la France compte trop d'étrangers.

Il se positionne aussi en faveur d'un renforcement des frontières nationales avec éventuellement une remise en cause des accords de Schengen, un autre thème mis en avant de longue date par le parti d'extrême-droite.

Même si les critiques internes sont encore rares et peu explicites, ce positionnement risque de fracturer le parti majoritaire, créé en 2002 par la fusion de l'ancien RPR, de tradition gaulliste, et l'UDF, pro-européen et majoritairement centriste.

Dans ce contexte, le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé propose de créer des "mouvements" permettant de distinguer les sensibilités au sein de l'UMP après le second tour de l'élection présidentielle.

Il semble ainsi vouloir promouvoir un fonctionnement interne similaire à celui des "courants" du PS, longtemps érigé en contre-modèle par la droite car censé produire trop de divisions et de rivalités pour être efficace.

"En application des statuts de l'UMP, je proposerai à mes amis après le 6 mai de permettre aux différentes sensibilités de pouvoir s'exprimer plus fortement en créant des mouvements au sein de l'UMP", dit Jean-François Copé dans un entretien au Figaro.

Jean-François Copé estime qu'il faut éviter toute nouvelle division. "Ces mouvements doivent avoir les moyens de s'exprimer et de travailler au sein de notre famille politique. Le pire, pour nous tous, serait un retour à une droite divisée comme du temps du RPR et de l'UDF", dit-il.

Le parti majoritaire devra en particulier se prononcer sur les consignes de vote aux législatives où, avec son potentiel et sa dynamique, le FN est susceptible de l'éliminer du second tour dans de nombreuses circonscriptions.

Alors que des personnalités de l'UMP comme Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy, ont annoncé dans le passé qu'elles choisiraient - comme l'avait fait la gauche pour l'UMP au second tour de la présidentielle en 2002- un bulletin de vote PS pour faire barrage au FN, la position de la majorité est aujourd'hui plus ambiguë.

Prié le 24 avril de dire quel bulletin il choisirait dans un tel cas de figure, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a répondu : "je ne voterais pas pour le Front national", n'excluant pas ainsi un vote blanc ou une abstention.

édité par Patrick Vignal

REUTERS