La liste des absents au débat sur la laïcité s'allonge

La liste des personnalités de l'UMP qui bouderont le débat sur la laïcité que le parti majoritaire entend organiser la semaine prochaine s'est encore allongée jeudi. Dans le sillage de François Fillon, la ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot a anno - -
PARIS (Reuters) - La liste des personnalités de l'UMP qui bouderont le débat sur la laïcité que le parti majoritaire entend organiser la semaine prochaine s'est encore allongée jeudi.
Dans le sillage de François Fillon, la ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot, proche du Premier ministre, a annoncé qu'elle n'assisterait pas à la convention programmée pour le 5 avril dans un grand hôtel parisien, décriée par toutes les grandes religions de France.
Dominique Paillé, ancien porte-parole de l'UMP, a fait savoir qu'il n'irait pas non plus.
Roselyne Bachelot a précisé que la décision de François Fillon, prise, selon Matignon, en accord avec Nicolas Sarkozy, était le choix personnel du Premier ministre.
"Je n'irai pas non plus à ce débat", a-t-elle dit sur i>Télé et Radio Classique.
"Avec François Fillon, nous n'étions absolument pas d'accord pour que le débat tourne autour de l'islam. Jean-François Copé l'a bien compris: il a recentré le débat sur le thème de la laïcité (...). Je préfère me recentrer sur les problèmes concrets des Français", a-t-elle ajouté.
Le porte-parole du gouvernement, François Baroin, a assuré jeudi qu'il n'y aurait "pas de nouvelle loi" sur la laïcité dans la foulée de la convention et a confirmé son souhait, exprimé lundi, de "mettre un terme à tous ces débats".
"Je ne reviens pas sur ce que j'ai dit, et je sais ce que j'ai dit", a-t-il dit sur RMC et BFM-TV.
Pour François Bayrou, François Fillon vient de "désavouer publiquement et de manière extrêmement forte les organisateurs du débat".
"C'est un débat qui n'avait pour objet que l'islam. Quand vous prenez le risque de faire flamber ce genre de sentiment, vous rendez au pays un très mauvais service: vous mettez en danger ce qui devrait faire le tissu national", a dit le président du MoDem sur France Info.
"ACTE POLITIQUE"
Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP et promoteur de la convention sur la laïcité, a accusé François Fillon de ne pas "jouer collectif" en émettant des réserves sur le débat.
Les représentants des six grandes religions de France ont estimé dans la foulée dans une déclaration commune publiée mercredi qu'il ne revenait pas à un parti politique d'organiser un tel débat.
L'entourage du Premier ministre a affirmé mercredi que sa décision de ne pas assister au débat avait été prise avant sa passe d'armes avec Jean-François Copé et en plein accord avec le président de la République.
Pour le président du Sénat, Gérard Larcher, il ne s'agit pas moins d'une décision politique.
"C'est un acte politique, naturellement, parce que ça ramène à la réalité", a dit Gérard Larcher sur Europe 1. "Un parti politique est là pour débattre. Le Premier ministre, qui est le dirigeant, le chef de la majorité parlementaire, le chef du gouvernement, lui, doit assurer les valeurs essentielles de la République."
Le président du Sénat est lui aussi réservé sur la tenue d'un débat que critique l'opposition et qui empoisonne la majorité.
"Un débat qui stigmatise, c'est le contraire du principe de laïcité. Voilà pourquoi un débat sur telle ou telle religion n'est pas la bonne approche", a dit le président du Sénat.
Service France, édité par Patrick Vignal