RMC

La primaire réveille le spectre d'un pugilat interne au PS

Les dirigeants socialistes François Hollande, Laurent Fabius, Ségolène Royal et Martine Aubry, lors de l'université d'été de La Rochelle, fin août. La mise hors jeu du favori des sondages Dominique Strauss-Kahn après son arrestation aux Etats-Unis impose

Les dirigeants socialistes François Hollande, Laurent Fabius, Ségolène Royal et Martine Aubry, lors de l'université d'été de La Rochelle, fin août. La mise hors jeu du favori des sondages Dominique Strauss-Kahn après son arrestation aux Etats-Unis impose - -

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - Organiser une primaire en évitant un pugilat interne potentiellement suicidaire pour l'élection...

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Organiser une primaire en évitant un pugilat interne potentiellement suicidaire pour l'élection présidentielle, tel est le défi à relever pour un Parti socialiste contraint de revoir sa stratégie après le scandale Dominique Strauss-Kahn.

Le devoir de tempérance est d'autant plus grand que le brutal retrait du favori des sondages, inculpé aux Etats-Unis, n'a pas remis en cause l'avance du PS pour 2012.

Qu'il s'agisse de François Hollande, déjà en campagne, ou du premier secrétaire, Martine Aubry, pas encore déclarée, ils arriveraient en tête devant Nicolas Sarkozy au premier tour, avec une légère avance pour le député de Corrèze, selon une étude d'opinion Ifop diffusée vendredi.

L'avantage de François Hollande est plus franc dans les enquêtes jaugeant les intentions des sympathisants de gauche qui participeront à la primaire prévue en octobre.

Une avance qui ne lui fait pas que des amis, à l'heure où beaucoup poussent Martine Aubry à "y aller" tandis que la présidente de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, en retard dans les sondages, n'a pas dit son dernier mot.

"La tentation du tout sauf Hollande", titre vendredi Le Parisien/Aujourd'hui en France, tandis que Le Figaro évoque "des primaires devenues encombrantes".

ESPRIT DE BOUTIQUES

Le spectre des divisions internes, qui a coûté cher au PS par le passé, ressurgit. A l'image du congrès de Reims de novembre 2008 qui avait vu Martine Aubry l'emporter d'un cheveu face à Ségolène Royal dans une ambiance délétère.

La droite ne semble pas douter des déchirements à venir.

"François Hollande n'a pas que des amis parmi les 'mammouths'. C'est un peu 'l'anti-DSK'", remarque un responsable UMP. "Aubry va être poussée par les 'amis' de Hollande, mais je pense qu'elle n'en a pas envie."

Le député "aubryste" Olivier Dussopt juge au contraire l'unité affichée lors du séisme Strauss-Kahn de bon augure.

"Les socialistes gèrent cette crise avec dignité et donnent l'exemple de leur capacité à rester unis, soudés, à affronter des difficultés sans se taper dessus ni tomber dans l'insulte", a-t-il dit à Reuters. "Je pense que la primaire peut être du même tenant."

Invité vendredi du journal de 13h00 de France 2, le président du Conseil régional d'Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, a prié ses camarades de "dépasser l'esprit de boutiques".

Pour Manuel Valls, candidat déclaré à la primaire, "François Hollande et Martine Aubry doivent se parler".

"Les primaires ne doivent pas être le match retour du congrès de Reims", prévient-il dans Le Parisien. "Si nous ne voulons pas sortir d'une confrontation en lambeaux, parlons-nous pour trouver le meilleur dispositif".

Partisan de Martine Aubry, Claude Bartolone a proposé d'annuler la primaire. Un avis isolé, le parti ne voulant pas bousculer un calendrier validé par sa base.

Chez les partisans de François Hollande, en campagne à Dijon vendredi, on joue la carte du "tout change, rien ne change".

"François Hollande est constant et c'est une force, il est constant politiquement et en tant que personne, il n'y a pas de surprise avec lui", a dit à Reuters son bras droit, le député européen Stéphane Le Foll.

PROVOCATION

Le député André Vallini va plus loin, invitant Martine Aubry à s'écarter en faveur du mieux placé des deux, en vertu du même "pacte de non-concurrence" qu'elle avait passé avec Dominique Strauss-Kahn.

"Pourquoi Martine Aubry n'applique-t-elle aujourd'hui pas ce principe avec François Hollande ?", a dit le député sur LCI.

Une proposition de l'ordre de la "provocation" pour Olivier Dussopt, qui juge l'idée "ridicule" au regard de la volatilité des sondages.

Pour le benjamin de l'Assemblée nationale, une chose est sûre: Martine Aubry briguera l'Elysée. "Je suis convaincu qu'elle doit et qu'elle sera candidate."

Autre membre de "Solférino 2012", club "aubryste" créé à l'Assemblée nationale, Jean Mallot ne veut pas oublier l'essentiel: les Français.

"Il y a une semaine, tout était fait, et là ça recommence. Je ne suis pas pronostiqueur", a-t-il dit à Reuters.

"Il y a quatre millions de chômeurs, 15 millions de Français qui n'arrivent pas à boucler leurs fins de mois, 600.000 jeunes qui cherchent du boulot. La question, c'est: quel projet nous leur proposons. Et nous travaillons d'abord là-dessus.

Avec Sophie Louet, édité par Patrick Vignal

REUTERS