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La privatisation de la Française des Jeux représente-t-elle un risque pour la santé publique? Ca fait débat

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Après des semaines d'hésitation, le gouvernement a annoncé mardi avoir donné son feu vert à des cessions d'actifs dans la Française des jeux, Aéroports de Paris et Engie, en intégrant dans la future loi Pacte des mesures ouvrant la voie à ces privatisations.

Le gouvernement a donné son feu vert pour une privatisation de la Française des Jeux. Une décision qui pourrait avoir des conséquences sur la santé des Français.

Un peu plus de 56% des Français jouent aux jeux d’argent au moins une fois dans l’année. C’est une progression de 10 points en 4 ans. On y consacre 193 euros par an. Le jeu préféré, c’est le Loto, avant les paris hippiques et les machines à sous. 10% des mises se font aussi sur Internet. Et l’on observe une augmentation des joueurs dépendants. 1 million de Français souffrent aujourd’hui d’addiction aux jeux.

"Il va y avoir encore plus de gens qui vont souffrir d'addiction"

Dans ce contexte, ouvrir la Française des Jeux aux logiques du marché privé, c’est prendre le risque de voir apparaître de nouveaux jeux, encore plus addictifs, pour plus de rentabilité. Le professeur Michel Reynaud, président du fonds Actions Addictions, est très inquiet:

"Il y a indéniablement un risque pour la santé publique. La crainte est majeure que la préoccupation pour les actionnaires soit la rentabilité maximum et la rentabilité maximum, ça veut dire que les gens dépensent le maximum d'argent et qu'on ne fera pas attention à protéger les plus vulnérables. Il va y avoir encore plus de gens qui vont souffrir d'addiction aux jeux d'argent".

Dans les colonnes des Echos ce matin, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire promet que l’Etat gardera son pouvoir de régulation des jeux d’argent. Une nouvelle autorité indépendante de régulation sera mise en place. Elle s’intégrera ou pas à l’Arjel qui existe déjà. La loi PACTE autorisera le gouvernement à la créer par ordonnance.

En Suisse, une loi est également à l’examen pour lutter contre l’addiction aux jeux. Elle vise à bloquer et taxer les sites internet de jeux basés à l’étranger pour financer un fonds anti-addiction.

Matthieu Rouault (avec P.B.)