La région Ile-de-France va-t-elle relancer la guerre des écoles?

- - Martin Bureau - AFP
C'est ce que l'on appelle une mesure clivante. La région Ile-de-France, présidée par Valérie Pécresse (Les Républicains), rétablit des aides sociales en faveur des lycées privés. Ces "aides sociales" - supprimées en 2012 par la précédente mandature socialiste -, s'élèvent à 1,6 million d'euros, un montant très symbolique au regard du budget de la Région de quelque 5 milliards d'euros, et de celui de l’Éducation, de 400 millions. Leur rétablissement - aide à la cantine, à l'équipement par exemple dans les lycées professionnels, gratuité des manuels scolaires - était une promesse de campagne de la candidate.
"Le privé, ce n'est pas uniquement des enfants de nantis"
"Je veux que les aides sociales soient les mêmes pour tous les enfants. Je veux que les familles d'Ile-de-France aient le libre choix de l'inscription de leur enfant", a lancé Valérie Pécresse. Une mesure qui, selon la majorité Les Républicains, viendra "rétablir l'égalité entre le public et le privé".
"On veut répondre aux familles, à leurs besoins, et attribuer les mêmes aides aux élèves du public et du privé. Parce que le privé ce n'est pas uniquement les enfants de parents nantis, on a dépassé cette idée-là. C'est une mesure d'équité", défend sur RMC Béatrice Lecouturier, présidente LR de la commission égalité au sein du conseil régional.
"Une volonté de démanteler le service public"
Une mesure qui fait évidemment bondir l'opposition de gauche autrefois à la tête de la région, des Verts aux communistes, en passant par les socialistes. "On habille Pierre mais en déshabillant Paul, puisque les autres, ceux du public, vont avoir moins. Ce n'est pas acceptable", s'agace Sandrine Grandgambe, conseillère régionale PS.
"C'est choquant, parce qu'on prend tous les enfants dans le public, ce qui n'est pas le cas dans le privé. A un moment, aller dans le privé, c'est un choix".
Un choix qui justifie que les aides aux établissements scolaires soient réservées selon elle aux seules écoles publiques. En tout cas, cette mesure, finalement assez symbolique vu les sommes allouées, est loin d'être innocente selon elle. "Il fallait faire apparaître des marqueurs idéologiques, et l'enseignement catholique en est un. C'est désolant parce qu'il y a une forme d'instrumentalisation du sujet et surtout, on rouvre une sorte de guerre scolaire, et ça c'est inacceptable".
Éric Coquerel, conseiller régional Île-de-France du Parti de Gauche, va plus loin. "L'idée qu'il y a derrière tout ça, c'est la volonté de démanteler le service public de l'Éducation nationale puisqu'on affaiblit le public", pense-t-il. Lui aussi parle d'une "guerre scolaire" entretenue par Valérie Pécresse.