Le chasseur de fraudes de l'Unédic… fraudait l'Unédic

- - AFP
C'est une histoire rocambolesque. Une histoire d'arroseur arrosé… Alors que le gouvernement fait la chasse aux fraudeurs des indemnités chômage, le moins que l'on puisse dire c'est que l'information passe mal. Selon Le Canard enchaîné, Pierre Lachaize, un ancien salarié de l’Unédic, en charge de l'assurance chômage, était lui-même un fraudeur. Plus précisément, cet homme était même directeur des systèmes d'information à l'Unédic.
Autrement dit, il était chargé de gérer les fonds de l'assurance chômage et de lutter contre la fraude. Mais ça ne l'empêchait pas de cumuler son emploi de directeur et de confortables indemnités chômage. L'affaire éclate en novembre 2013. Lors d’un contrôle de routine, des salariés de l'Unédic découvre un nom qu’ils connaissent bien dans le fichier des chômeurs, celui de Pierre Lachaize. Ce nom, c’est celui du directeur technique du service anti-fraude de l’Unédic.
Plus de 4.900 euros par mois
Bizarre, puisque l’homme est salarié de l’organisme et n'est donc pas considéré comme un demandeur d’emploi. Ils décident alors de dénoncer le cadre et découvrent un système bien rodé. L’homme, ancien chômeur, minorait, en fait ses heures de travail pour continuer à toucher des indemnités. Il affirmait travailler seulement quinze heures chaque mois pour un salaire de 1.050 euros. Une somme bien en deçà de ce qu'il percevait réellement à son poste de directeur de l'informatique.
Résultat, selon l'hebdomadaire satirique, il touchait des indemnités chômages et celles-ci étaient pour le moins confortables puisque, pour le seul mois d'octobre 2013, il avait touché plus de 4.900 euros. Plus étonnant encore, le salarié qui a découvert la fraude a été licencié. Il n'avait en effet pas l'autorisation de son supérieur hiérarchique pour effectuer la consultation du fichier qui mènera à dévoiler la présence de Pierre Lachaize. Le salarié a attaqué ce licenciement aux prud'hommes.
A noter enfin, et c'est tout aussi surprenant, qu'après la révélation de l'affaire, toujours selon Le Canard enchaîné, le cadre n’a pas été licencié pour faute… mais a bénéficié d'une rupture conventionnelle. Il aurait même touché 160.000 euros d'indemnités.