Le FN sème la division dans la majorité avec les cantonales

Bureau de vote à Illkirch Graffenstaden, près de Strasbourg. La majorité se lézarde jusqu'au sommet de l'Etat sur la stratégie à adopter face au Front national au second tour des élections cantonales, une situation que la gauche juge "grave" et dont se ga - -
PARIS (Reuters) - La majorité se lézarde jusqu'au sommet de l'Etat sur la stratégie à adopter face au Front national au second tour des élections cantonales, une situation que la gauche juge "grave" et dont se gausse le FN.
C'est "panique sur la passerelle" entre l'"amiral" Nicolas Sarkozy et le "commandant" François Fillon, a déclaré mardi sur France 2 Jean-Marie Le Pen.
"L'amiral a une opinion, le commandant du bateau a une opinion aussi, le chef mécanicien a la sienne, tout cela veut dire que ça flotte", a ironisé le président d'honneur du FN.
Au lendemain du premier tour des cantonales, marqué par une forte poussée de l'extrême droite, Nicolas Sarkozy a réitéré lundi la consigne du "ni FN ni front républicain", une ligne nuancée dans la soirée par François Fillon qui a appelé à voter "contre le Front national".
Le Premier ministre a toutefois précisé que "cela ne permettrait pas de contraindre" les électeurs de droite "à mêler leurs voix à celles de l'extrême gauche".
Le FN, avec 15,06% des voix, talonne l'UMP (16,97%) à l'issue du premier tour, alors qu'il n'avait de candidats que dans 75% des cantons environ. Il est en mesure de se maintenir dans un cinquième environ des 2.026 cantons où l'élection a lieu dimanche prochain.
La presse relève mardi ces discordances, Libération estimant que l'UMP "récolte la cacophonie, voire la division" à force d'"ambiguïté".
"Emportée par la tempête des cantonales, l'UMP navigue à vue, avec l'Elysée et Matignon qui se disputent le manche, en désaccord sur la trajectoire à suivre pour échapper au missile de l'extrême droite", commente L'Est républicain.
DISSONANCES "GRAVES"
L'ancien premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande a qualifié de "graves" les dissonances entre les deux têtes de l'exécutif.
"Voir au sommet de l'Etat François Fillon et Nicolas Sarkozy diverger, je dis c'est grave. Non pas simplement pour la droite, c'est grave pour les principes que je défends", a dit François Hollande sur RMC.
Pour le politologue Stéphane Rozès, le brouillage au sein de la majorité est révélateur "d'une crise de leadership de Nicolas Sarkozy". Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS, juge dans un communiqué que "la crise de régime affleure".
A l'UMP, on s'efforce de relativiser les divisions. Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, dit tenir "un discours tout à fait comparable" à celui du Premier ministre.
Son prédécesseur à la tête du parti majoritaire, Patrick Devedjian, a estimé sur France Info que "la différence n'est pas si importante que ça entre les deux" têtes de l'exécutif.
"Il faut faire barrage au Front national sans se faire d'illusions et sans tomber non plus dans les pièges du Parti socialiste, qui veut être le receleur de tout cela", a dit le président du conseil général des Hauts-de-Seine.
Le Front national, qui ne dispose pour l'heure d'aucun siège de conseiller général, sera présent dans 402 cantons au second tour. Le dépôt des candidatures sera clos ce mardi à 16h00.
"UNE OPÉRATION DE VÉRITE"
Pour Marine Le Pen, dirigeante du FN, le second tour est "une opération de vérité" pour droite et gauche avant l'élection présidentielle de 2012.
"Dans le radeau de la Méduse qu'est devenu le système UMPS, on assiste à une sorte de cannibalisme politique et chacun essaye de survivre, et pour survivre, ils sont prêts à envoyer leurs électeurs, à les cadenasser, et à leur demander de voter pour ceux qu'ils sont censés, soi-disant, combattre tout le reste de l'année", a-t-elle dit sur RTL.
Pour Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de Gauche, "ces gens-là" (l'UMP) "ont un culot monstrueux". "Les voilà maintenant en train de jeter des grosses larmes alors que c'est eux-mêmes qui ont créé ce bazar inouï", a-t-il dit sur Europe 1.
Les fissures n'épargnent pas non plus la gauche qui négocie des accords d'union pour le second tour avec un PS qui a recueilli 24,94% des voix, Europe Ecologie-Les Verts et le Front de gauche dépassant 8% des voix.
Jean-Luc Mélenchon, qui a choisi de faire cavalier seul face aux socialistes, écologistes et communistes, a appelé mardi à l'unité de la gauche face aux velléités d'autonomie des écologistes qui sont en mesure de se maintenir dans plusieurs dizaines de cantons.
"Il y a une tradition qui revient à dire que c'est le premier tour qui est la primaire entre nous. Et après au second tour on se regroupe. La ligne générale, ça doit être ça", a-t-il dit sur Europe 1 en prônant le désistement en faveur du candidat de gauche le mieux placé.
Sophie Louet, édité par Yves Clarisse