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Le PS met en avant sa crédibilité budgétaire pour 2012

Martine Aubry, la dirigeante du PS. Le Parti socialiste met en avant le réalisme budgétaire de son projet présidentiel s'il revient au pouvoir en 2012, tablant sur 25 milliards d'euros pour financer ses propositions sur le prochain quinquennat. /Photo pri

Martine Aubry, la dirigeante du PS. Le Parti socialiste met en avant le réalisme budgétaire de son projet présidentiel s'il revient au pouvoir en 2012, tablant sur 25 milliards d'euros pour financer ses propositions sur le prochain quinquennat. /Photo pri - -

Le Parti socialiste met en avant le réalisme budgétaire de son projet présidentiel s'il revient au pouvoir en 2012, tablant sur 25 milliards d'euros pour financer ses propositions sur le prochain quinquennat.

En 2007, le projet du PS avait été estimé, trois mois avant le scrutin, à près de 36 milliards d'euros.

"Nous n'avons pas voulu partir de la liste de ce qu'on voulait faire et ensuite chercher les moyens de les réaliser mais au contraire commencer par l'évaluation des possibles", dit un secrétaire national au fait du chiffrage du projet, qui voit dans cette nouvelle méthode une "petite révolution" au PS.

Après trois présidentielles perdues d'affilée, l'exercice est délicat pour le PS. Il faut "dire la vérité et en même temps lever une espérance", a résumé François Hollande la semaine dernière en officialisant sa candidature à l'investiture.

Sans parler de rigueur, les socialistes font le pari que les Français ont intégré le "cadre budgétaire particulièrement contraint" de la France.

Ils "savent très bien qu'on ne peut pas promettre autant aujourd'hui qu'en 2007 et encore moins qu'en 2002", fait valoir un ancien ministre. "Les premières mesures que nous prendrons doivent être marquées du sceau de cette crédibilité budgétaire".

Face aux accusations de "gauche dépensophile" portées par la droite, le PS affiche sa "priorité absolue": réduire la dette et les déficits, objectifs qui seront inscrits dans une "loi de finances publiques quinquennale".

HYPOTHÈSE DE CROISSANCE DE 2,5%

A partir de 2012, "tous les ans, nous verserons six milliards de plus pour servir les intérêts de la dette, c'est l'équivalent de nos marges de manoeuvre", déclare un responsable du PS membre de l'aile sociale-démocrate.

L'objectif consiste à inverser la courbe dette-intérêts à la fin de la deuxième année de mandat, soit en 2014.

Le projet présidentiel est bâti sur une hypothèse de croissance de 2,5% du PIB entre 2013 et 2017.

La suppression progressive de tous les "cadeaux fiscaux" de la droite - du "bouclier fiscal" à la baisse de la TVA dans la restauration - et la réduction des niches fiscales permettraient de dégager entre 40 et 50 milliards d'euros sur cinq ans.

Avec ces mesures couplées à une "sélectivité dans les priorités de dépenses", le PS estime qu'il disposera d'une marge de manoeuvre de cinq milliards par an, soit aux alentours de 25 milliards sur la législature pour financer ses propositions.

Le périmètre budgétaire du projet peut encore évoluer, fait cependant remarquer Christian Paul, qui pilote le "Laboratoire des idées" du PS depuis deux ans et demi.

"Il y a encore 14 mois à tenir, beaucoup de choses vont s'enrichir et il y a beaucoup de nos propositions qui ne se mesurent pas" financièrement, ajoute le député de la Nièvre, citant l'exemple de la politique urbaine prônée par le PS, un objectif à long terme difficilement quantifiable.

"RÉTRO"?

Depuis dimanche, en ordre dispersé, des bribes du projet sont apparues dans les médias, entretenant la confusion avant les derniers arbitrages sur le texte - entre "présidentiables" lundi et devant l'exécutif du PS, le Bureau national, mardi.

Les 300.000 "emplois d'avenir pour les jeunes" dans les filières écologiques et sociales - dont 100.000 pourraient être créés dès 2012 - coûteraient au total 3,6 milliards d'euros.

Samedi, Martine Aubry, premier secrétaire, a repris à son compte "l'allocation autonomie" réclamée par le Mouvement des jeunes socialistes, au grand dam d'un partie du PS pour qui cette mesure, extrêmement coûteuse et qui pourrait être assimilée à de l'assistanat, n'est pas du tout une priorité.

La réforme fiscale, qui devrait être le premier acte du quinquennat socialiste, doit permettre de dégager quelques marges de manoeuvre.

Il faut "prélever davantage sur ceux qui gagnent le plus et moins sur ceux qui investissent dans l'économie réelle", explique le porte-parole du PS, Benoît Hamon.

Une hausse générale des impôts, de la TVA ou de la CSG n'est pas envisagée mais l'impôt sur les sociétés sera modulé avec un bonus pour celles qui réinvestissent et un malus pour celles qui préfèrent verser des dividendes.

Le PS veut fusionner l'impôt sur le revenu et la CSG, pour créer un "impôt plus juste et plus progressif" qui sera prélevé à la source - une idée qui figuraient dans les deux derniers projets présidentiels du parti.

"Il ne vous a pas échappé que nous n'avons pas été au pouvoir depuis longtemps", a répondu Benoît Hamon lundi à une question sur le recyclage d'idées anciennes. "En quoi ce serait rétro de faire quelque chose qui n'a pas encore été fait ?".

Laure Bretton, Edité par Yves Clarisse

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