Le rassemblement de Marine Le Pen passe à l'offensive

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Le "Rassemblement bleu Marine" de Marine Le Pen fera-t-il entrer des députés à l'Assemblée, pour la première fois depuis 25 ans ? C'est en tout cas ce jeudi que le mouvement du Front national a lancé sa campagne des législatives. Forts des 17,9% des voix obtenus par sa présidente à l'élection présidentielle, le Front national, qui présente 571 candidats, espère confirmer la vague et pouvoir incarner la seule opposition résolue au nouveau pouvoir socialiste. "Notre objectif, c'est le plus possible" de députés, alors que "l'objectif de l'UMP et du PS, c'est qu'on en ait zéro", a déclaré Florian Philippot, porte-parole de la campagne, lors d'une conférence de presse.
Pour y parvenir, les stratèges du FN misent sur le désarroi qui a suivi la "défaite historique" de Nicolas Sarkozy face à François Hollande le 6 mai et sur les rivalités déclarées entre l'ancien Premier ministre François Fillon et le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé pour sa succession. "La guerre des chefs a bel et bien commencé, ils n'ont pas pu attendre les législatives", a ironisé Florian Philippot. "Il est évident que l'UMP n'est plus en état de s'opposer réellement à un Parti socialiste omnipotent et qui détient tous les pouvoirs", a ajouté Steeve Briois, secrétaire général du FN. Florian Philippot a estimé que "la collusion idéologique entre l'UMP et le PS" était "tellement forte" actuellement "que l'on ne peut plus parler d'opposition entre les deux". Les deux responsables n'ont pas voulu donner d'objectifs chiffrés en nombre de députés, jugeant que cela dépendrait beaucoup de la participation et de facteurs locaux.
Le FN espère se maintenir dans 150 à 200 circonscriptions
"Un succès serait déjà de faire rentrer un député à l'Assemblée parce que nous en sommes exclus depuis 25 ans", a répété cette semaine Marine Le Pen, qui espère néanmoins obtenir plusieurs élus. Steeve Briois a dénoncé une nouvelle fois le scrutin majoritaire à deux tours, qui lamine la représentation d'un parti qui pourrait revendiquer, selon lui, une centaine d'élus si le scrutin était proportionnel. Il a néanmoins estimé que l'analyse détaillée du scrutin présidentiel permettait à son parti "d'être optimiste."
La présidente du FN est en effet arrivée en tête dans 23 circonscriptions, a obtenu plus de 25% des suffrages dans 68 d'entre elles et a dépassé les 20% dans 213 sur 577. Le FN espère maintenir ses candidats dans 150 à 200 circonscriptions, provoquant des triangulaires généralement plus meurtrières pour l'UMP que pour le PS. Ses adversaires pensent qu'il sera présent au second tour dans 80 à 140 circonscriptions au maximum et doutent qu'il puisse parvenir à constituer un groupe parlementaire (15 élus).
Marine Le Pen a-t-elle de "fortes chances" de l'emporter ?
Steeve Briois a souligné que le rassemblement bleu Marine, qui comprend des candidats souverainistes, des transfuges de l'UMP ou des ex-chevènementistes, notamment, respectait la parité, contrairement au PS et à l'UMP. Il a également mis en avant le fait que nombre de candidats frontistes n'étaient pas des professionnels de la politique et que leur moyenne d'âge était inférieure à la moyenne nationale. Pour avoir des élus, les espérances du FN portent sur une dizaine de départements, dont le Pas-de-Calais, où Marine Le Pen ne semble pas impressionnée par un récent sondage la donnant battue face au leader du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon.
Interrogé sur les chances de Marine Le Pen, Steeve Briois a estimé qu'elle avait de "fortes chances" de l'emporter, car la personnalité de Jean-Luc Mélenchon "agacera un certain nombre de personnalités locales et des électeurs." Les regards seront également tournés vers le Gard où deux circonscriptions semblent jouables, dont celle du président du comité de soutien de la présidentielle, Gilbert Collard. Outre la Moselle et le Vaucluse, où se présentent des figures du FN, respectivement Florian Philippot et Marion Maréchal-Le Pen, petite fille de Jean-Marie Le Pen, le scrutin sera serré dans certaines circonscriptions de l'Oise, de l'Aisne, de l'Hérault ou des Pyrénées orientales.