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Le vol d’huîtres, un fléau pour les ostréiculteurs

Des gendarmes de la garde républicaine patrouillent pour surveiller les vols de poches d’huîtres, en décembre 2013, sur une plage du Calvados.

Des gendarmes de la garde républicaine patrouillent pour surveiller les vols de poches d’huîtres, en décembre 2013, sur une plage du Calvados. - Charly Triballeau - AFP

REPORTAGE RMC – Le vol d’huîtres directement à la source est devenu un sport national sur toute la côte Atlantique. Mais dans la Manche, à Grandcamp-Maisy, depuis deux ans, plus aucun vol n’est à déplorer. Et ce, grâce à la présence, pendant le mois de décembre, de six gardes républicains qui patrouillent à cheval.

Chaque année, elles sont les stars du réveillon: les huîtres! Stars et objets de toutes les convoitises. Les voleurs, des touristes et des professionnels malhonnêtes, en font leurs choux gras.

Depuis quatre ans, la gendarmerie a renforcé les contrôles sur toute la côte Atlantique, de la Normandie jusqu'en Charente-Maritime, en passant par la Bretagne. Patrouilles en hélicoptère, en kayak, en zodiak, de jour comme de nuit. La gendarmerie ne lésine pas sur les moyens. Et ça marche.

40 tonnes dérobées en 2011 à Grandcamp-Maisy

Dans la Manche, à Grandcamp-Maisy, depuis deux ans, plus aucun vol n’est à déplorer. Et ce, grâce à la présence, pendant le mois de décembre, de six gardes républicains qui patrouillent à cheval. En 2011, quand le dispositif de sécurité avait été mis en place pour la première fois, 40 tonnes avait été dérobées dans les parcs à huîtres. Un manque à gagner de près de 200.000 euros pour les ostréiculteurs.

Face au vent fort et glacial et sous le crachin, sur cette grande plage normande, six cavaliers passent leur journée à trotter sur le sable dans le parc à huîtres. Ces gendarmes de la garde républicaine surveillent les ostréiculteurs, en pleine collecte avec leurs tracteurs.

"Notre but, c’est de montrer la force, de montrer qu’on surveille, explique à RMC l’Adjudant Emmanuel Jame, qui contrôle chaque parcelle d’huîtres. Par des contrôles réguliers, on réussit quand même malgré tout à diminuer, voire supprimer, ces vols. On est allé jusqu’à des vols de 20.000 euros! Nous sommes à cheval parce que c’est pratique, on va partout, on va dans l’eau… Mieux qu’un 4x4!"

"J'ai eu une tonne ou deux qui ont disparu"

Cette présence rassure l’ostréiculteur André Gilles Taillepied. Pendant les fêtes, il réalise un tiers de son chiffre d’affaires, il n’a pas le temps de surveiller les voleurs.

"Il passe avec quelques gars, ils chargent vingt ou trente poches d’un côté, puis il va chez un autre. C’est ce que j’appelle un professionnel véreux, un gars sans scrupule, s’énerve-t-il. Il y a quelques années, j’ai eu une tonne ou deux qui ont disparu… Cela crée des tensions entre les professionnels… Tout le monde se suspecte, quoi…"

André Gilles Taillepied surveille aussi ses propres employés. Ils sont une trentaine en ce moment, deux fois plus que le reste de l’année. "Ils pourraient se dire: ‘Tiens, le patron n’est pas là! Je vais emprunter un tracteur et aller me servir pour me faire un peu d’argent, ajoute l’ostréiculteur, dépité. On n’a toujours que des soupçons, on ne peut pas vraiment savoir qui fait quoi…"

La gendarmerie arrêtera cette surveillance exceptionnelle juste après le réveillon du premier de l’an. La France reste le premier producteur, consommateur et exportateur d'huîtres en Europe, avec 150 000 tonnes produites par an en moyenne.

C. P. avec Amandine Dubiez