RMC

Législatives en Turquie: "Il y a clairement un affaiblissement de la démocratie"

-

- - AFP

Dans un contexte très tendu, les Turcs choisissent dimanche leurs députés à l'occasion d'élections législatives anticipées.

Pour la deuxième fois en moins de 6 mois, les Turcs sont appelés aux urnes ce week-end, pour des élections législatives dans un pays sous une extrême tension. 

L' envoyée spécial de RMC rapporte que les intimidations, les agressions physiques ou verbales à l’égard des candidats, ou des militants de l’opposition sont fréquentes.

"Notre co-directrice de campagne a été arrêtée sans motif, notre local a été incendié", explique le directeur de la campagne du parti d’opposition HDP. "On a peur et on prend beaucoup de précautions: les militants ne tractent jamais seuls. Ils se déplacent en nombre pour pouvoir se défendre."

"Une presse muselée"

"Il y a clairement un affaiblissement de la démocratie, avec pratiquement aucune liberté d’expression, une presse muselée par le pouvoir et une justice dans laquelle le politique intervient sans cesse", confirme Dorothée Schmid, spécialiste de la Turquie, chercheur à l'Ifri, l'Institut français des relations internationales. "Par ailleurs, la police se fait l’exécutrice des basses œuvres du régime. Elle a été entièrement purgée pour devenir l’outil de travail d’Erdogan."

Depuis le début de la campagne électorale plusieurs milliers de militants ont été arrêtés, et cette semaine deux journaux et deux chaînes de télévision ont été interdits de diffusion.

Pour Abdullah, le président Erdogan a changé de visage. "Tous ces évènements montrent qu’il est devenu un dictateur dans un régime totalitaire. J’espère que l’on va s’en débarrasser

Instabilité économique

L’attentat du 10 octobre à Ankara qui a fait plus d’une centaine de morts a montré qu’Erdogan et son parti ont de plus en plus de mal a assuré la sécurité à l’intérieur du pays. En parallèle, le régime d’Ankara a relancé la guerre contre les kurdes du PKK et les affrontements ont fait de nombreuses victimes dans le sud-est du pays.

Petit à petit, la Turquie est également débordée par la guerre en Syrie. Plus de deux millions de réfugiés syriens sont arrivés en Turquie qui partage 700 km de frontière avec la Syrie.

A cette instabilité s’ajoute la crise économique et monétaire. En panne de solutions, de gouvernement d’Erdogan renoue avec les vieux démons turcs : intimidations, blocage des réseaux sociaux, suppression de médias deviennent monnaie courante. Au point que de plus en plus de Turcs redoutent une guerre civile dans leur pays.