Les 35 heures divisent désormais la droite

Après la gauche, le débat sur la semaine de 35 heures divise désormais la droite : le ministre du Travail Xavier Bertrand s'est dit opposé mercredi à une réforme réclamée par l'UMP, le parti majoritaire. /Photo d'archives/REUTERS/Benoit Tessier - -
PARIS (Reuters) - Après la gauche, le débat sur la semaine de 35 heures divise désormais la droite française : le ministre du Travail Xavier Bertrand s'est dit opposé mercredi à une réforme réclamée par l'UMP, le parti majoritaire.
Cette mesure emblématique sur la durée du travail, prise par le dernier gouvernement de gauche entre 1997 et 2002, avait divisé en France, la gauche soutenant qu'elle avait apporté croissance et emplois, la droite estimant qu'elle avait mis le pays dans l'ornière en le rendant moins compétitif.
Le débat semblait apaisé depuis que plusieurs mesures, dont la défiscalisation des heures supplémentaires, ont permis un retour aisé aux 39 heures, mais le député PS Manuel Valls, candidat aux primaires pour la présidentielle de 2012, l'a relancé en prônant une nouvelle réforme.
Mercredi, Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, s'est dit favorable à cette idée.
"Je pense qu'aujourd'hui la crise mondiale commande qu'on aille plus loin et que la loi qui avait été prise en 2008 (sur la défiscalisation des heures supplémentaires) n'a pas donné les résultats qu'on avait souhaités", a-t-il dit sur RTL.
Il a souligné que l'Etat subventionnait désormais, par des allégements de charges, aussi bien la réduction du temps de travail que les heures supplémentaires et souhaité sortir de ce système.
Le bureau politique de l'UMP va débattre du dossier, a-t-il dit.
Sur Canal+, le ministre du Travail Xavier Bertrand a estimé que les mesures de 2008 étaient suffisantes.
Il a souligné que si la durée légale du travail était augmentée, les salaires baisseraient puisque les quatre heures de travail supplémentaires ne seraient plus payées en heures supplémentaires, c'est-à-dire 25% de plus.
"Si vous changez les 35 heures, si vous les relevez, les salariés y perdent dans la minute sur leur fiche de paie", a-t-il dit.
Xavier Bertrand, prédécesseur de Jean-François Copé à la tête de l'UMP, a dit vouloir rencontrer la mission formée sur la question au sein du parti majoritaire, pour lui dire que "le vrai débat (était) la question du coût du travail".
"Les allégements de charge, si on revient dessus, ce sont des emplois en moins", a-t-il estimé.
Une réforme avant la présidentielle de 2012 est peu probable et l'Elysée devra trancher pour savoir si le relèvement de la durée légale du travail peut être un thème de campagne.
Le dossier est d'autant plus sensible que les enquêtes d'opinion montrent que la réduction du temps de travail est plutôt populaire chez les salariés, et que le patronat, qui se satisfait des allégements de charges, n'est pas demandeur d'une nouvelle réforme.
Les syndicats de salariés s'y opposent aussi, notant que, par ce système, les employés sont soit mieux payés, soit bénéficient de jours de repos compensateurs, les "RTT".
Thierry Lévêque, édité par Clément Guillou