Les entrepreneurs indépendants dans la rue: "On n'arrivait même plus à se verser de quoi vivre"
C'est la première fois qu'ils manifesteront. Entre 30.000 et 50.000 entrepreneurs indépendants sont attendus à Paris ce lundi à partir de 13h, pour crier leur ras-le-bol face aux dysfonctionnements du Régime Social des Indépendants (RSI). Ils réclament un moratoire d’urgence sur les cotisations sociales qu'ils paient au RSI. Pour eux, il faut enquêter sur les dysfonctionnements multiples de cette caisse sociale des indépendants, et réformer ce système.
Créée en 2006, la caisse du RSI connaît de très nombreux problèmes de gestion: informations erronées, échéanciers annuels aux montants astronomiques, blocage de comptes et envois d'huissiers... Conséquence pour les usagers : des trésoreries vidées par les appels de cotisations injustifiés, des travailleurs indépendants qui perdent leur activité du jour au lendemain et qui se retrouvent sans emploi, parfois sans aucune explication. Près de 6 millions de chefs d'entreprises indépendants, artisans ou commerçants, professions libérales et leurs ayants droit y sont affiliés.
"Combien de nuits blanches passées à attendre la venue des huissiers…"
RMC a rencontré Laurent Brasseur, patron d'une petite entreprise de d'informatique, qui a vécu un cauchemar à cause des dysfonctionnements du RSI. Depuis 2008, à deux reprises, le RSI lui réclame plusieurs milliers d'euros de redressement qu'il ne comprend pas. A chaque fois la justice lui donne raison, mais après des années de galère. "On n'arrivait même plus à se verser de quoi vivre, raconte-t-il. Quand l'huissier tape à la porte en disant 'vous devez tant', c'est vraiment l'horreur. Combien de nuits blanches passées à attendre la venue des huissiers alors que c'est injustifié. Dans le couple il y a eu pas mal de tensions à cause de ça". "Je cauchemarde le RSI, ajoute-t-il. Et quand vous voyez deux suicides par jour d'indépendants, j'arrive même à comprendre qu'ils en arrivent là". En 2013, Laurent a même dû licencier sa compagne, Sophie, seule salariée de l'entreprise.
"On n'a jamais d'excuses, jamais de dédommagements"
Des cas comme celui-ci, il y en aurait plusieurs milliers selon les indépendants, déplore Me Perrine Athon-Perez, avocate spécialisée dans les litiges avec l'administration. Le RSI représente 80% de son activité. "Je rencontre tous les jours beaucoup de personnes qui sont confrontés à un organisme qui a des méthodes aberrantes, qui gère extrêmement mal ses dossiers, qui affiche du mépris parfois à l'égard de ses adhérents par rapport aux erreurs qu'ils commettent dans les calculs des cotisations. On n'a jamais d'excuses, jamais de dédommagements. J'ai eu quelques cas de personnes qui, à cause du harcèlement du RSI, ont généré des pathologies dépressives".
Excédés, certains indépendants n'hésitent plus à quitter le RSI, pourtant obligatoire, et à souscrire des assurances à l'étranger. D'autres préfèrent même se passer de couverture santé.