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Les fruits et légumes moches n'ont pas la côte

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Depuis deux ans, les grandes surfaces vendent des fruits et légumes moches. Le but: éviter le gaspillage en bradant les fruits et légumes disgracieux. Mais les clients ne sont pas séduits.

Les légumes moches ne séduisent pas. La campagne pour la vente des fruits et légumes a été lancée il y a deux ans par les grandes surfaces. Des enseignes de la grande distribution comme Intermarché, Leclerc ou Monoprix les vendent sous le label "Quoi ma gueule ?" du collectif des Gueules cassés. Les produits sont vendus entre 30 et 50% moins chers.

Mais malgré les prix bas, les clients ne sont pas au rendez-vous. Et les maraîchers eux-mêmes ne sont pas convaincus par le procédé.

A la coopérative la SICA maraîchère d'Eysines, près de Bordeaux, pas de fruits ou légumes moches. Ici, les produits correspondent aux standards demandés par la grande distribution qui représente 85% des ventes.

Incertitude de la récolte

Trouver un marché pour les fruits et légumes moches ne serait pas rentable assure Jean-Philippe Bilgot, le directeur de la coopérative: "c'est compliqué de bâtir un système économique sur ce genre de produit, on ne sait pas combien on va en récolter. Et puis ce n'est pas parce qu'on va vendre un produit 50% moins cher que la main-d'œuvre va être 50% moins chère. Donc ce sont des coûts encore plus importants que pour ramener des produits standardisés".

Sans compter les clients exigeants. Si beaucoup disent ne pas avoir de réticences à acheter des produits cabossés, dans les faits, c'est un peu plus compliqué.

Et face à des carottes biscornues, Célia ne dit pas le contraire: "La couleur me déplait. Je ne vais pas les acheter dans cet état-là. Elles peuvent être très bonnes mais avant le goût il y a l'aspect".

Pas étonnant pour Yvon Auffret, président de l'association d'organisation de producteurs de fruits et légumes pour la région Bretagne: "Les consommateurs achètent d'abord avec les yeux et veulent des produits bien calibrés, bien colorés, bien lisses. On ne va pas leur demander du jour au lendemain de changer leurs habitudes donc c'est d'abord une question de demande".

P.B. avec Mila Ta Ninga