RMC

Les hôpitaux de Paris cherchent un traitement aux 35h

-

- - Philippe Huguen - AFP

Les négociations sur la réorganisation du temps de travail dans les hôpitaux de Paris débutent ce mercredi après-midi. Il y a urgence: l'instauration des 35h en 2002 a désorganisé l'hôpital et a paradoxalement épuisé les personnels, qui cumulent des RTT sans pouvoir les prendre. RMC s'est rendue dans un hôpital à la rencontre de personnels déboussolés et épuisés.

C'est un dossier explosif: les 35h dans l'hôpital public. Les négociations sur la réorganisation du temps de travail dans les hôpitaux de Paris débutent ce mercredi après-midi. 75.000 personnes, hors médecins, travaillent sous ce régime depuis 2002. Mais le dossier est devenu explosif car les soignants ou les administratifs travaillent en réalité beaucoup plus que 35h par semaine. Conséquence : ils accumulent des jours de RTT qu'ils ont du mal à prendre faute d'effectifs suffisants.

Près d'un million de jours de RTT sont ainsi stockés sur des comptes épargne-temps ! Ça représente près de 75 millions d'euros et 36.000 agents. Et pour remplacer les personnels en RTT, l'AP-HP doit faire appel à des intérimaires et des CDD. Coût de ces remplacements : plusieurs centaines de millions d'euros par an (765 millions en 20111, par exemple).

"On ne peut pas prendre de jours de repos"

Il suffit de se rendre dans un hôpital de la banlieue parisienne, l'hôpital Henri Mondor, à Créteil, pour se rendre compte à quel point les 35 heures désorganisent les services. Prendre ses RTT est un casse-tête pour les équipes. "On voit avec les collègues, on essaie de faire en sorte que ça conviennent par rapport à la charge de travail. On demande aux équipes de pallier les manques de personnels", raconte sur RMC Sébastien, infirmier.

Marie-Isabelle, infirmière, a accumulé 54 jours de RTT sur son compte épargne-temps ces deux dernières années. Impossible de les prendre, selon elle. "On nous a demandé d'emmener les malades en promenade le matin. Mais il n'y a pas d'assouplissements possible le matin puisqu'on a calculé qu'il fallait deux infirmières tout le temps pour les consultations. Or, pour être deux tout le temps, il ne faut pas prendre de jours de repos puisqu'il y en a une qui doit monter le matin pour cette tâche supplémentaire", explique-t-elle.

En une phrase, Marie-Isabelle résume le problème :

"Il n'y a pas eu de créations de postes avec les 35h. Donc en fait on fait le travail de 40h en 35h"

32 jours d'arrêts maladie

Résultat, les équipes sont épuisées. "On se sent pressurisés. On se sent accusés de perdre du temps alors qu'on n'arrête pas de cavaler", déplore Monique, sa collègue. C'est un paradoxe, depuis l'instauration des RTT, les arrêts-maladie ont augmenté. Le personnel médical est absent 16 jours par an en moyenne, et certaines catégories cumulent en moyenne 32 jours d'absences pour épuisement.

Philippe Gril avec Judith Chetrit