Les hostilités redoublent au sein de la majorité

L'appel à l'unité de Nicolas Sarkozy reste lettre morte au sein de la majorité où les luttes intestines s'intensifient après une vive charge de Jean-François Copé contre François Fillon, accusé de ne pas jouer "collectif". /Photo prise le 27 mars 2011/REU - -
PARIS (Reuters) - L'appel à l'unité de Nicolas Sarkozy reste lettre morte au sein de la majorité où les luttes intestines s'intensifient après une vive charge de Jean-François Copé contre François Fillon, accusé de ne pas jouer "collectif".
L'attaque du secrétaire général de l'UMP contre le Premier ministre, fait rare sous la Ve République, a suscité l'indignation des proches du chef du gouvernement. L'un d'eux, le député des Yvelines Etienne Pinte, appelle même à la démission de Jean-François Copé.
Plusieurs membres du gouvernement ont par ailleurs appelé au "sang-froid" et au "respect".
Le chef de file du parti au pouvoir, dont l'inimitié avec François Fillon est notoire, a reproché lundi soir sur Canal+ au Premier ministre de ne pas "jouer collectif" à propos du débat sur la laïcité et de cultiver une "posture".
"Si Jean-François Copé n'admet pas que François Fillon puisse se poser des questions sur la pertinence d'un débat sur la laïcité (...), à ce moment-là, il peut démissionner", a réagi Etienne Pinte mardi matin sur RTL.
"Il a agressé le Premier ministre par des attaques violentes et brutales, ça ne s'est jamais fait sous la Ve République, qu'un chef de parti attaque son Premier ministre, lui-même nommé par le président de la République. C'est invraisemblable", a-t-il commenté.
Le 28 février dernier, François Fillon avait déclaré sur RTL qu'il s'opposerait au débat sur l'islam et la laïcité s'il venait à "stigmatiser les musulmans".
Il avait provoqué l'ire - privée - de Jean-François Copé, au lendemain du premier tour des élections cantonales, en se démarquant de la stratégie présidentielle - ni alliance avec le FN ni front républicain - pour le second tour.
"Cet état de fébrilité doit disparaître dès aujourd'hui", a déclaré la ministre sarkozyste Nadine Morano sur RMC Info.
"Toutes les phrases assassines ne servent que le camp adverse", a-t-elle ajouté.
"LA PAIX DES BRAVES"
Laurent Wauquiez, ministre des Affaires européennes, a invité Jean-François Copé à "garde son sang-froid".
"Que le secrétaire général de l'UMP critique le Premier ministre, à un moment où on a besoin d'unité, n'est pas très responsable", a-t-il estimé sur LCI. "Il faut rapidement qu'on tourne la page".
Gérard Longuet, ministre de la Défense, a appelé à "la paix des braves".
Sur France Inter, il a exhorté les responsables de la majorité au "maximum de sang-froid", au "respect mutuel" et à éviter les "procès d'intention". "On respecte les formes, et la vie des familles se trouve ainsi apaisée", a-t-il glissé.
Il juge toutefois nécessaire le débat sur la laïcité, que l'UMP organisera le 5 avril. "On ne doit jamais esquiver une décision difficile", a-t-il dit.
Le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, a appelé lui aussi à l'apaisement et s'est abstenu de prendre position dans l'affrontement Copé-Fillon.
"Je suis pour l'apaisement", a-t-il déclaré sur RTL. "On n'est pas obligés de se prendre la tête éternellement".
Le porte-parole du gouvernement, François Baroin, avait souhaité lundi que le débat controversé sur la laïcité soit refermé.
Le député-maire UMP de Nice Christian Estrosi prône lui aussi la prudence sur un sujet sensible.
"Je considère qu'on a besoin de tous et qu'on ne doit insulter personne", a-t-il dit sur France Inter, ajoutant qu'à ses yeux, "la course à l'échalote avec le Front national n'est pas la meilleure".
Déplorant des "tensions inutiles", le président du Parti radical, Jean-Louis Borloo, a estimé sur Europe 1 que la droitisation de la majorité posait "un problème politique".
Affirmant se positionner dans la majorité "dans tous les cas de figure", l'ancien ministre de l'Ecologie, auquel on prête l'intention de quitter l'UMP, a déclaré qu'il étudierait cette possibilité "ultérieurement".
"Ce sera une démarche collective", a-t-il dit.
Nicolas Sarkozy a mis en garde lundi ceux qui "mettent en danger l'unité" de l'UMP, visant à demi-mot les centristes et les radicaux.
Sophie Louet, édité par Patrick Vignal