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Les ralliements à Marine Le Pen restent marginaux

Marine Le Pen tente de rallier des personnalités d'horizons divers à sa candidature présidentielle en 2012 afin d'élargir son assise électorale, mais ses trophées restent pour l'instant rares. /Photo prise le 21 mars 2011/REUTERS/Benoît Tessier

Marine Le Pen tente de rallier des personnalités d'horizons divers à sa candidature présidentielle en 2012 afin d'élargir son assise électorale, mais ses trophées restent pour l'instant rares. /Photo prise le 21 mars 2011/REUTERS/Benoît Tessier - -

par Gérard Bon PARIS (Reuters) - Marine Le Pen tente de rallier des personnalités d'horizons divers à sa candidature présidentielle en 2012 afin...

par Gérard Bon

PARIS (Reuters) - Marine Le Pen tente de rallier des personnalités d'horizons divers à sa candidature présidentielle en 2012 afin d'élargir son assise électorale, mais ses trophées restent pour l'instant rares.

Des politologues, interrogés par Reuters, conviennent que la présidente du Front national, rompant avec l'image sulfureuse de son père, a gagné un niveau de respectabilité inédit pour sa famille politique à un an de la présidentielle.

Mais ils doutent qu'elle puisse obtenir de nombreux soutiens à court terme. "Les ralliements de personnalités au FN de Marine Le Pen sont encore marginaux", dit le sociologue Sylvain Crépon.

En revanche, le mouvement autour de la présidente du Front national pourrait s'amplifier en 2012 si elle parvient à provoquer une recomposition de la droite à la faveur d'une défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle.

"Elle ne sera pas au second tour", estime ainsi un ancien conseiller présidentiel. "Mais si Sarkozy est battu, la droite va imploser et Marine Le Pen a un espace énorme."

Marine Le Pen peut compter pour l'instant sur le soutien de l'avocat médiatique Gilbert Collard, qui se dit "mariniste", et du souverainiste Paul-Marie Coûteaux.

Le journaliste Robert Ménard a dénoncé de son côté dans un pamphlet la "police de la pensée" qui chercherait à bâillonner l'extrême droite, sans pour autant s'engager aux côtés de la présidente du FN.

Soucieuse de faire sauter le cordon sanitaire autour de son parti, Marine Le Pen a aussi affirmé qu'elle bénéficiait des conseils d'experts et de hauts fonctionnaires.

DOUTES SUR LES RALLIEMENTS

Elle a refusé de divulguer leurs noms "pour ne pas nuire à leur carrière", mais ses adversaires expriment leurs doutes.

Le FN voudrait enfin persuader l'ancien sénateur gaulliste Michel Caldaguès, 84 ans, de conduire une liste aux sénatoriales à Paris.

Le chercheur Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, ne voit rien de nouveau dans ces ralliements au compte-gouttes, soulignant qu'en 1986 Jean-Marie Le Pen avait déjà fait élire à l'Assemblée nationale des personnalités de droite dans le cadre d'un rassemblement électoral.

"Il y a une tendance curieuse à parler perpétuellement de ralliements alors qu'ils ne sont que deux ou trois", dit-il.

Pour le chercheur, les soutiens de Gilbert Collard, dont le blog est depuis longtemps repris par le site Nation presse info, proche du FN, et de Paul- Marie Couteaux, qui a beaucoup navigué d'un parti à l'autre, étaient "parfaitement prévisibles."

"Quant aux experts et hauts fonctionnaires, on est sceptiques. Nous y croirons quand ces personnes accepteront d'apparaître", dit-il.

Un constat partagé par le sociologue Sylvain Crépon.

"Les ralliements de personnalités du monde économique ou de la haute administration, s'ils s'avèrent réels, ce qui reste à démontrer, sont encore anonymes", souligne-t-il.

Sylvain Crépon note aussi que Gilbert Collard a pris soin de préciser qu'il ne prenait pas sa carte au FN, "même s'il souhaite conseiller Marine Le Pen."

RENCONTRE AVEC UN MINISTRE UMP ?

Selon lui, la dédiabolisation du Front national se manifeste davantage au niveau des intentions de vote et des perspectives d'alliances avec la droite.

"Ainsi, en 2004, 22% des sympathisants de la droite de gouvernement étaient prêts à des alliances avec le FN. Aujourd'hui, ils sont plus de 40%. Preuve que le cordon sanitaire se fissure dans une partie de l'opinion", dit-il.

Pour le sociologue, les choses changeront sans doute sur le long terme si Marine Le Pen parvient à entamer une véritable alliance avec la droite, contribuant ainsi à asseoir son parti dans une logique de gouvernement.

"Mais il s'agit là d'une perspective sur les moyen ou long termes, soit après la présidentielle de 2012. D'ici là, elle va jouer contre Nicolas Sarkozy pour le faire perdre et forcer ainsi la droite à se reconstruire avec le FN", dit-il.

Selon Le Canard enchaîné, paru mercredi, Marine Le Pen a récemment déjeuné avec le secrétaire d'Etat aux Transports, Thierry Mariani, l'un des animateurs de la Droite populaire, collectif de 44 députés constituant l'aile droite de l'UMP.

Une information démentie par Marine Le Pen. "C'est faux, j'étais dans ce restaurant mais avec six de vos confrères", a-t-elle dit au journaliste de RMC qui lui demandait de confirmer cette rencontre.

L'un des membres de la droite populaire, Christian Vanneste, a récemment milité pour la fin du cordon sanitaire à l'égard du parti frontiste en vue des élections législatives de 2012.

Édité par Yves Clarisse

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