Leur entreprise déménage… à 500 km

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Les 37 salariés de l’entreprise Kawan, spécialiste de l’hôtellerie de plein air, ont reçu samedi dernier une lettre en recommandé qui leur annonce la délocalisation de leur entreprise à Sète, à 500 kilomètres de là. Leur entreprise est implantée à Simard, une petite commune de 1 100 habitants en Saône-et-Loire, et le nouveau patron, le groupe Proméo, veut regrouper toutes ses activités à Sète (Hérault), son siège social. Faute de quoi, l’entreprise sera fermée.
Promeo invoque une baisse d’activité
Fondée en 2005, la société Kawan été revendue au groupe Promeo en 2009. Ses dirigeants évoquent une baisse d’activité pour défendre le projet de transfert de l’entreprise dans l’Hérault. Un argument contesté par les salariés.
C’est tout un bassin d’emploi qui est menacé. Kawan travaille avec plus de 600 campings partenaires à travers l’Europe. Mais les salariés ont décidé de ne pas se laisser faire. Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, s’est déplacé samedi à Simard pour apporter son soutien à ces salariés.
« Je me refuse à cautionner ce genre de pratiques »
Christophe Gay a fondé l’entreprise en 1995. Il l’a dirigée pendant 15 ans avant de la vendre. Aujourd’hui, il se mobilise aux côtés de ses anciens salariés. « Il est évident que, de ces 37 salariés, très peu ou aucun n’ira se déplacer à 500 km. Donc la société disparaîtra, à court ou moyen terme. Moi j’ai un pincement au cœur : j’ai créé cette entreprise, je garde des relations persnnelles et amicales avec tous, je suis toujours propriétaire de trois campings qui collaborent avec la société Kawan Group. Si les choses se confirment je ne continuerai pas de collaborer avec cette entreprise. Je me refuse à cautionner ce genre de pratiques. »
« C’est un licenciement déguisé »
D’autant plus que l’entreprise se porte bien, si l’on en croît Grégory Derain, salarié de Kawan. « C’est une entreprise avec des résultats nets d’1,3 million pour 5 millions d'euros de chiffre d’affaires. Quel entrepreneur ne rêverait pas d’avoir des résultats pareils ? La délocaliser à 500 km, c’est pas banal ! » Les salariés n’ont qu’un mois pour se décider. Mais pour Nathalie, le choix est fait: « Nos enfants ne veulent pas nous suivre. On est implantés à Simard depuis 20 ans. On ne va pas tout quitter – familles, amis travail – pour un avenir incertain ! » Car s’ils acceptent de déménager à 500 km, ils craignent d’être licenciés une fois sur place. Pour Michel Sidoti, directeur du service relations clients , « dire aux salariés "allez à Sète" en sachant très bien que la majorité n’ira pas, c’est un licenciement déguisé ! » De leur côté, les salariés ont demandé un audit global de leur entreprise.