Loi Macron: l'impressionnant lobbying des notaires contre le projet de réforme

Les notaires sont opposés à la Loi Macron et ils le font savoir - DENIS CHARLET / AFP
Les députés n'en peuvent plus. C'est un véritable ras-le-bol généralisé. Alors que la Loi Macron est examinée depuis lundi à l’Assemblée, certaines professions ne lésinent pas sur les moyens pour se faire entendre. De nombreux élus, principalement de la majorité, en ont dès lors par-dessus la tête de se faire canarder. "Je n’ai jamais vu une campagne aussi agressive", témoigne par exemple le député PS de l'Eure François Loncle, élu depuis 1981. Raison de leur courroux: l'importante contre-offensive menée par les notaires contre ce projet de loi.
Près de deux millions d'euros dépensés
Pleines pages de publicité dans les quotidiens, avalanche de courriers catastrophistes dans les permanences parlementaires, huées contre Manuel Valls lors d’un meeting électoral dans le Doubs, déferlante de messages incendiaires (parfois injurieux ou menaçants) sur les réseaux sociaux… pas de doute, le lobbying fonctionne à plein régime.
Concrètement, la profession a déjà dépensé près de 2 millions d’euros pour défendre ses intérêts. C'est pourquoi, à l'Assemblée, quand on évoque ce lobbying certains députés voient rouge : "Moi j'appelle ça une opération de déstabilisation agressive !", "C'est du harcèlement !". Richard Ferrand (PS), rapporteur du projet de loi Macron, dénonce les dérives de ces pratiques: "On a reçu plusieurs centaines de messages électroniques de toute nature, plus vulgaire les uns que les autres, du genre : 'Vendu aux banquiers', 'permis de chasse', 'plastiquage possible', 'chasse au Macron et au Ferrand ouverte'… Tout cela me paraît profondément choquant. Ce n'est pas dans la tradition française", estime-t-il sur RMC.
"C'est totalement contre-productif"
Pour la députée socialiste Cécile Untermaier, les notaires sont allés trop loin. "C'est du harcèlement. Mon compte Twitter est en permanence pollué, je reçois des mails avec des propos anxiogènes. Quand on vous adresse par exemple une liste des salariés de votre étude en vous demandant de choisir lequel on doit licencier…. Je trouve cela absolument inadmissible de la part d'un officier publique ministériel d'avoir ce comportement. C'est hallucinant !", s'emporte-t-elle dans Bourdin Direct. Selon elle, "ce sont les limites d'un lobby" et "c'est totalement contre-productif".
Mais cette pratique n'est en rien nouvelle comme le souligne le député UMP Sébastien Huyghe pour qui tout cela "n'est pas choquant". S'il reconnaît, sur RMC, "une mobilisation des professions juridiques", il estime qu'elle est "tout à fait logique et d'autant accrue que la profession a le sentiment d'être en danger" mais "après c'est au parlementaire de faire son choix". Pour mettre fin à de telles dérives, le socialiste Christophe Sirugue souhaite la mise en place "d'une grande loi pour encadrer le lobbying et qui permettrait une grande transparence sur les financements, les clients derrière les lobbyistes…" Pour lui, il s'agit "d'une nécessité".