Luis Fernandez: "Dès qu'un jeune a de la notoriété, tu ne peux plus rien lui dire"
Non, ce n'était pas (encore) Luis Attaque. Les fidèles d'RMC ont cru un instant que leur montre était mal réglée ce vendredi quand ils ont entendu Luis Fernandez entre midi et 13 heures. L'ancien milieu de terrain de l'équipe de France de football, et membre honoraire du fameux carré magique des Bleus (avec Michel Platini, Jean Tigana et Alain Giresse), était en fait invité du grand oral des Grandes Gueules. Luis Fernandez y a présenté son autobiographie sobrement intitulée Luis (Hugo Sport éditions).
L'occasion d'évoquer avec lui son ancien coéquipier en Bleus, Michel Platini, qui vient d'annoncer qu'il renonçait à sa candidature à la présidence de la Fifa, déjà mise à mal par des soupçons de corruption pensant sur lui. Pour Luis Fernandez, "Platini est tout sauf argent (sic). Michel, il pense au projet, à la construction" du football.
"Une question d'éducation"
La Fifa, un symbole des dérives du football-business pour la grande gueule Étienne Liebig, pour qui il y a trop d'argent dans le foot. L'argent qui fait tourner les têtes des jeunes footballeurs. Ce passage au foot-business, il l'a connu Luis Fernandez, qui a essuyé à l'époque des critiques pour avoir quitté le Paris-Saint-Germain pour le Matra Racing, attiré par les millions du club de Jean-Luc Lagardère, qui en a fait l'un des plus gros salaires du foot français. Mais il l'assure, il a toujours gardé la tête froide, contrairement à certains jeunes footballeurs d'aujourd'hui.
"Ces jeunes-là, quand ils commencent à avoir la notoriété, la gloire, la reconnaissance – et je suis passé par là, moi aussi je me suis acheté une Porsche, une Mercedes… – ils se croient arrivés. Mais il faut garder l'humilité, se rappeler d'où tu viens, où tu as grandis", exhorte celui qui a passé son enface et adolescence dans le quartier populaire des Minguettes, à Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise. "A 18 ans j'étais international mais je gagnais une misère, et pourtant je n'ai rien dit, raconte-t-il. En fait c'est une question d'éducation".
"Zidane, je ne l'ai jamais vu se la raconter"
L'ancien entraîneur du PSG et actuel sélectionneur de la Guinée cite en exemple Zinedine Zidane, qu'il a vu débuter lorsque lui finissait sa carrière, au début des années 90 à l'AS Cannes. "Zidane, je l'ai vu arriver à 18 ans, ce gosse. Je ne l'ai jamais vu se la raconter et dire 'je veux'. Je le voyais avec ses parents après les matchs, il a eu une éducation remarquable".
"Aujourd'hui ce qui a changé, c'est l'éducation. Ces jeunes qui arrivent pensent que ça y est, ils sont arrivés, et à 18 ou 19 ans on ne peut rien leur dire".
Pour Luis Fernandez le problème c'est qu'aujourd'hui les plus jeunes footballeurs sont trop tôt plongés dans la compétition, dès 12 ans, au détriment d'une formation qui devrait aussi se concentrer notamment sur les valeurs d'humilité. "Les formateurs ne leur apprennent pas les choses importantes dans une carrière", regrette-t-il.