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Lutte contre le chômage: et si la France prenait exemple sur l'Italie?

François Hollande pourrait prendre exemple sur Matteo Renzi en matière de lutte contre le chômage

François Hollande pourrait prendre exemple sur Matteo Renzi en matière de lutte contre le chômage - AFP

Il y a un an, Matteo Renzi, le président du Conseil italien, a mis en place une réforme controversée du marché du travail: le "jobs act". Le principe est simple: les entreprises sont incitées à embaucher des salariés en CDI et pour les convaincre, le dispositif prévoit une importante exonération de charges et un assouplissement des procédures de licenciement. Pour quels résultats? Reportage près de Milan.

Pour lutter contre le chômage, qui a atteint un nouveau record fin 2015 avec 3,59 millions de demandeurs d'emploi sans activité en métropole, le gouvernement actuel regarde de près ce qui se fait chez nos voisins européens et notamment en Italie avec le "Jobs act" de Matteo Renzi, le président du Conseil italien. Cette réforme du marché du travail est entrée en vigueur il y a un an (mars 2015). Le principe est simple: les entreprises sont incitées à embaucher des salariés en CDI et pour les convaincre, le dispositif prévoit une importante exonération de charges et un assouplissement des procédures de licenciement.

Et un an après la mise en place de ce "Jobs act", Matteo Renzi assure qu’il a permis de créer près de 500.000 postes en CDI dans tout le pays et a permis de faire baisse le taux de chômage à 11,3 %, son plus bas niveau depuis trois ans. Pour mieux comprendre en quoi consiste cette réforme du marché du travail, RMC s'est rendue dans le nord du pays, autour de Milan, là où il y a eu le plus d'embauches. Par exemple, grâce au "Jobs act", Maurizio Vezzani, patron de Zini, une usine de pâtes de 51 salariés, a pu recruter neuf CDI et vu son chiffre d'affaires progresser de 20%.

"Une précarité augmentée"

"Ce n'est pas seulement grâce à cela, admet-il. Mais c'est sûr que pour une petite entreprise comme la nôtre, on travaille mieux. La possibilité d'embaucher de nouvelles personnes nous a permis de faire aussi des investissements dans les machines que l'on n'aurait pas pu faire auparavant". La réforme du travail de Matteo Renzi permet aussi à ce chef d’entreprise de licencier quand il le souhaite ses neuf salariés embauchés dernièrement. Parmi eux, il y a Richard, 41 ans, qui, après un an et demi de chômage, a signé son contrat il y a cinq mois chez Zini.

Malgré tout, il ne craint pas un éventuel licenciement: "J'ai été formé pour bien faire mon travail. On ne va pas me mettre dehors, ce serait absurde". Au contraire, un an après sa mise en place, ce "Jobs act" inquiète toujours les syndicats. "C'est une précarité augmentée par rapport à avant, regrette Fabio Ghelfi, membre du CGIL, l’un des principaux syndicats italiens. En effet, si vous êtes mon employé et que je considère que vous êtes mauvais vous êtes licenciable". Plus précisément, toute entreprise peut licencier sans motif légal pendant les trois années qui suivent l’embauche. Seule obligation pour le chef d’entreprise: verser une indemnité équivalente à plusieurs mois de salaire.

Maxime Ricard avec Céline Martelet