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Lutte contre les faux CV: "Je fais croire que je suis en licence alors que j'ai arrêté la fac"

Sur leur CV, certains n'hésitent pas à s'inventer des diplômes (illustration)

Sur leur CV, certains n'hésitent pas à s'inventer des diplômes (illustration) - Wikimedia commons

TEMOIGNAGES - Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education, a annoncé ce jeudi la création d'un service numérique pour délivrer les attestations de diplômes d'Etat, un dispositif qui garantira l'authenticité des documents auprès des employeurs et simplifiera les démarches des usagers. Car, comme a pu le constater RMC, cette fraude est assez répandue.

Enjoliver son CV, inventer des compétences dans l'espoir d'obtenir un poste… en France, les spécialistes estiment qu'au moins un CV sur quatre est trafiqué. Alors pour mettre fin aux tricheries, le ministère de l'Education va lancer un système de vérification en ligne comme l'a annoncé ce jeudi Najat Vallaud-Belkacem. Ce nouveau service public se présentera sous la forme d'un site internet qui garantira l'authenticité des diplômes auprès des employeurs et simplifiera les démarches auprès des usagers.

"Mieux d'embellir les choses"

Un nouveau dispositif qui sera d'une grande utilité pour les patrons tant certains n'hésitent pas à délibérément mentir sur leur curriculum vitae. Parmi les fraudeurs, il y a tout d'abord ceux, comme Alexis, qui s'inventent des diplômes. "Je fais croire que je suis en licence, confie-t-il dans un grand éclat de rire. En réalité, j'ai arrêté la fac". Mais il y a aussi ceux, comme Théophile, qui embellissent un peu la réalité.

"Tout est bien réel même si je grossis la majorité, explique-t-il. Par exemple, sur mon CV j'ai noté que je suis resté trois mois en Australie alors qu'en vérité je ne suis resté qu'un mois. Au niveau des stages, la plupart ont duré une semaine mais je note un mois ou plus… C'est toujours mieux d'embellir les choses".

"Obligé de mentir pour travailler"

Des petits mensonges nécessaires selon Dounia: "On n'a pas le choix si on veut travailler car les recruteurs demandent de parler certaines langues ou des compétences particulières, parfois des diplômes. Donc on est obligé de mentir si on veut travailler". Mais pour débusquer ces fraudeurs, de plus en plus d'entreprises font appel à des sociétés privées comme l'institut Florian Mantione dirigé par Augustin Valéro.

"Le plus courant est de bidonner son CV au niveau des diplômes, certifie-t-il. Dans ces cas-là, j'appelle les écoles en question. Je vérifie que les certificats ou les formations indiquées correspondent à la réalité. Ensuite, sur des éléments liés à l'expérience, on vérifie les références directement auprès des précédents employeurs". Alors qu'il passe au crible plusieurs centaines de CV tous les mois, il estime qu'un quart des candidats enjolivent leur CV et que 5% sont de vrais fraudeurs.

A quoi ce dispositif va-t-il ressembler?

Ce nouveau service public se présentera sous la forme d'un site internet. Un patron par exemple pourra s'y rendre pour vérifier les données d'un CV, vérifier si le candidat dispose bien des diplômes qu'il prétend avoir. Mais cette vérification ne pourra se faire qu'avec l'accord du candidat qui devra fournir à l'employeur un code pour accéder aux données.

De leur côté, les candidats auront, eux aussi, accès à une base de données électronique dans laquelle ils pourront retrouver leurs diplômes reconnus par l'Etat en version numérique: le brevet des collèges, le Bac, leurs certificats d'études supérieures… Bref tous les diplômes délivrés depuis 15 ans seront disponibles.

A noter enfin que ce service sera mis en place à la rentrée scolaire 2016 de manière totalement gratuite.

Maxime Ricard avec Juliette Droz