Lutte contre les théories du complot: "Ils ont camouflé un meurtre en attentat terroriste"

L'homme n'a jamais marché sur la Lune. Le 11 septembre est l'œuvre du gouvernement Bush. Ou, plus récemment et plus proche de nous, les attentats du 13 novembre ont été organisés par les services secrets ou la supposée société secrète des Illuminati. Une comédienne a été payée pour pleurer aux abords des tueries de Charlie Hebdo et du Bataclan… Autant de théories du complot qui prolifèrent essentiellement sur internet et touchent souvent un public jeune, car plus sensible.
Alors, ce mardi, pour lutter contre ce phénomène, le gouvernement organise une journée d'action. Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, lance ainsi une journée d'étude "Réagir face aux théories du complot" qui réunira 300 participants (collégiens, lycéens, étudiants, enseignants, universitaires, chercheurs…) au Muséum national d'histoire naturelle de Paris.
"Il y a un truc de louche"
Il faut dire que les théories du complot se propagent de plus en plus dans les établissements scolaires. Par exemple, il est possible d'entendre dans les cours de récréation que le terroriste tué devant le commissariat de Barbes à Paris, il y a un mois, est un coup monté. C'est le cas pour Julien, 16 ans: "D'après ce que j'ai vu sur Internet et ce qui s'est propagé sur la toile, c'est qu'ils ont camouflé un meurtre en attentat terroriste".
Autre coup monté, le policier tué d'une balle dans la tête devant Charlie Hebdo par les frères Kouachi. "C'est un complot", affirme Julien. Et son copain de nuancer quelque peu: "C'est quand même louche cette histoire". Quelques mètres plus loin, Karim et Hamza doutent, eux aussi, de la version officielle. "Dans la vidéo on ne voit pas de sang. Il lui met une balle dans la tête mais il n'y a pas de sang? Il y a juste de la poussière?, interrogent-ils. Il y a un truc de louche dans cette histoire".
"Les jeunes sont plus vulnérables"
Autant de théories du complot qui touchent donc plus facilement les jeunes comme l'explique Rudy Reichstad, fondateur de l’Observatoire du conspirationnisme: "Ils sont par définition plus vulnérables. Ils n'ont pas toutes les clefs, toutes les connaissances qui leur permettent de résister. Et puis, c'est aussi à cet âge que l'on a envie de transgresser et donc on a plus tendance à croire à une théorie du complot, remettre en cause l'autorité".
Et d'ajouter: "Le conspirationniste c'est celui qui doute de tout pour ne plus douter du tout". Il estime donc qu'il y a des risques à trop y croire: "Ce n'est pas sans effet. Des théories du complot ont conduit à tuer des gens. Par exemple, la grande période la chasse aux sorcières au Moyen-Age, ce n'est que ça. Ou encore le génocide des juifs basé avant tout sur l'idée que les juifs sont un peuple de comploteurs, qui conspirent contre le bien de l'humanité pour dominer le monde".
A noter que la semaine dernière, le gouvernement a lancé un site, On Te Manipule, à l'attention des jeunes pour lutter contre ce qu'il considère comme de la désinformation.