Marine Le Pen veut mettre au pas les marchés financiers

Marine Le Pen s'est livrée samedi à une attaque en règle contre les marchés financiers et l'euro, qu'elle a qualifié de "monnaie du fascisme doré", et s'est présentée comme la seule candidate anti-système de l'élection présidentielle. /Photo prise le 7 av - -
par Gérard Bon et Catherine Lagrange
LYON (Reuters) - Marine Le Pen s'est livrée samedi à une attaque en règle contre les marchés financiers et l'euro, qu'elle a qualifié de "monnaie du fascisme doré", et s'est présentée comme la seule candidate anti-système de l'élection présidentielle.
A quinze jours du scrutin, la candidate du Front national a estimé que le résultat du scrutin "n'est pas écrit" en dépit de l'avance des candidats UMP et PS dans les sondages et a lancé un appel contre l'abstention.
"Cette élection ne sert pas à rien. Cette élection peut permettre de tout changer (...) Pas une voix ne doit manquer. Je vous l'annonce, le 22 avril, nous ferons le plein", a-t-elle dit lors d'un meeting à Lyon, devant plus de 3.000 sympathisants selon les organisateurs.
Se présentant comme "l'exception française" de la campagne, Marine Le Pen a estimé que la gauche et la droite avaient favorisé l'émergence au cours des trois dernières décennies en France d'une élite "oligarchique".
Dans un discours très offensif, elle a estimé que "les clefs de la maison France" avaient été remises aux banques et aux marchés et que tous les autres candidats portaient "dans le dos la marque des banques qui les sponsorisent".
"Depuis 1973, nous avons payé 1.400 milliards d'euros d'intérêt sur 1.700 milliards de dettes. Ceci s'est effectué avec la complicité de toutes les familles représentées dans cette élection", a-t-elle scandé.
Devant une assistance survoltée, elle a également lancé une charge contre la banque d'affaires américaine Goldman Sachs qui, selon elle, "suscite partout de véritables coups d'Etat".
"Goldman Sachs place ses hommes à la tête des pays de la zone euro, Goldman Sachs place son homme à la tête de la Banque centrale européenne (BCE) et cela ne choque pas les belles âmes qui nous dirigent", a-t-elle affirmé.
Le président de la BCE, Mario Draghi, qui a succédé à Jean-Claude Trichet en novembre, a été vice-président de Goldman Sachs entre 2002 et 2005.
Ciblant Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen a avancé que le président-candidat avait augmenté de 30% son patrimoine et ironisé sur son Airbus A330 présidentiel, acquis durant son mandat pour un montant estimé à 176 millions d'euros.
LE "JOUJOU" DU "SARKO ONE"
"Oh, il a beau jeu de sortir de son chapeau une taxation contre les exilés fiscaux. Elle rapportera à l'Etat le coût de son Sarko One, son joujou de mégalo!", a attaqué la chef de file du FN.
Devancée dans plusieurs sondages par Jean-Luc Mélenchon, qui lui dispute la troisième position, Marine Le Pen a tenté à Lyon de reprendre l'ascendant sur son concurrent.
Qualifiant le candidat du Front de gauche "d'idiot triplement utile" au socialiste François Hollande comme à Nicolas Sarkozy, elle a estimé être la seule porte-parole des oubliés et des classes populaires.
"Je suis résolument du côté de ceux qu'on oublie", a-t-elle dit en égrenant ses mesures pour mettre fin à la "folle dérive de la France".
Elle ainsi promis d'interdire les parachutes dorés, un impôt sur le revenu plus juste et la fin de la mesure permettant d'exclure les oeuvres d'art de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF).
Marine Le Pen a également dénoncé les ententes entre les grands groupes "qui volent 30% du pouvoir d'achat", notamment pour les endives, les yaourts et la nourriture pour chiens et chats. "Ceux qui sont responsables de cette escroquerie iront en prison", a-t-elle dit.
La dirigeante du FN n'a pas épargné la grande distribution, "la tyrannie des puissants sur les petits producteurs et les paysans" et a dit vouloir "rendre les centres-villes au commerce indépendant."
Elle a donc proposé d'interdire l'installation de grandes surfaces dans les centres des villes de moins de 30.000 habitants.
"En 20 ans, 250.000 (commerces) et 600.000 emplois directs ont été détruits sans compter les emplois indirects liés à l'existence du commerce indépendant. Aujourd'hui, 20.000 communes en France ne comptent plus un seul commerce. Est-ce acceptable ?", a-t-elle lancé.
"Que l'union européenne aille au diable !", a-t-elle ensuite lancé en appelant "le peuple français à voter pour lui-même" et à "dire non aux ennemis de la nation".
Edité par Matthias Blamont