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Marini fustige les "apprentis sorciers" des comptes publics

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Le sénateur UMP Philippe Marini, rapporteur du budget au Sénat, a fustigé mercredi les "apprentis sorciers" qui voudraient faire croire selon lui en ce début de campagne électorale qu'ils pourront différer l'assainissement des finances publiques de la France.

Le rapporteur de la commission des finances du Sénat n'a pas désigné nommément ses cibles mais sa déclaration intervient quelques jours après un procès en irresponsabilité intenté aux socialistes par Nicolas Sarkozy.

Le programme du PS prône de se donner un an de plus pour ramener le déficit public à 3% du produit intérieur brut, alors que le gouvernement prévoit d'atteindre ce seuil fin 2013, mais les candidats à la primaire socialiste n'ont pas encore précisé leurs positions.

Le budget 2012 prévoit une baisse du déficit à 4,6% du produit intérieur brut fin 2012 après 5,7% prévu pour 2011. Et les vainqueurs de 2012, quels qu'ils soient, devront respecter cette contrainte, a déclaré Philippe Marini à des journalistes.

"Ceux qui prétendent aujourd'hui s'en exonérer pour faire bonne figure ne sont que des apprentis sorciers", a-t-il dit.

"Tout gouvernement, tout président de la République devra respecter cette contrainte sous peine de mettre en péril la notation de notre pays, ses conditions de financement sur les marchés et donc tout le reste", a-t-il ajouté.

Selon le sénateur, "la notation 'triple A' de la France est le verrou qui fait tenir tout le fragile édifice de la zone euro. Il ne faut se faire aucune illusion : on ne pourrait même plus parler d'assurer la solidarité communautaire à l'égard des pays en péril si la France était mise en cause dans son 'triple A'".

LE PS DÉCHIRÉ

Nicolas Sarkozy a accusé le mois dernier les socialistes de vouloir ralentir le rythme de réduction des déficits et s'est posé en défenseur des intérêts des Français.

Il a en particulier mis en cause la volonté du PS de remettre en cause les suppressions de postes de fonctionnaires ou le relèvement de l'âge légal de la retraite décidé l'an dernier.

Les socialistes sont divisés sur le rythme de réduction des déficits, certains parmi eux jugeant que la trajectoire prévue par le gouvernement et trop rapide ou irréaliste.

"Personne ne croit que la France pourra être à 3% en 2013", a dit dimanche le numéro un par intérim du parti, Harlem Désir.

Dans le projet du PS pour 2012, a-t-il souligné, il est indiqué que "nous négocierons avec la Commission européenne un retour crédible à l'équilibre, en tous cas à moins de 3%, dans des délais crédibles, c'est-à-dire dans une année de plus".

Le président PS de la commission des finances de l'Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac estime au contraire que "c'est la parole de la France qui est engagée". "Les autorités que le peuple aura choisies devront respecter ces objectifs", juge-t-il.

Le gouvernement prévoit de réduire le déficit public de 7,1% du PIB en 2010 à 5,7% en 2011, 4,6% en 2012, 3% en 2013 - la limite du Pacte de stabilité européen - et 2% en 2014. La dette publique atteindrait 85,4% du PIB fin 2011, 86,9% fin 2012, 86,4% fin 2013 et 84,8% fin 2014.

Dans son dernier rapport sur les finances publiques, la Cour des comptes estime que la France devrait tenir son objectif de déficit cette année. Mais elle ajoute que le pays doit engager d'autres mesures pour y parvenir par la suite.

Philippe Marini a estimé que les promesses faites par des candidats qui veulent s'affranchir des engagements budgétaires "ne pourraient en aucun cas être crédible, elles ne seraient qu'une pure tromperie, un pur artifice électoral".

Jean-Baptiste Vey

REUTERS