Mayotte : comment un petit écolier de 8 ans a écrit au président

Des manifestants forment un barrage routier à Mayotte - Ornella Lamberti-AFP
Mayotte vit toujours au ralenti, quinze jours après le début de la grève générale. Hier, des policiers ont enlevé plusieurs barrages routiers tenus par les syndicalistes, mais une dizaine restaient encore en activité, selon la préfecture.
Les grévistes réclament l'égalité réelle entre le 101ème département Français et la métropole. Ils demandent, entre autres, l'alignement des prestations sociales, l'application du Code du travail, et la construction d'infrastructures scolaires.
31 élèves pour 20 places assises
C'est justement pour les écoles que Robin, 8 ans, a écrit à François Hollande. Il est en CE2 dans une école publique de Koungou, dans la périphérie de Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte. Né en métropole, il vit sur cette île avec ses parents et son frère depuis trois ans.
En février dernier, avant la grève générale, il a réclamé par courrier au président de la République des tables et des chaises pour son école primaire. Car ses conditions de scolarité sont loin d'être optimales et de ressembler à celles des autres petits Français : dans sa classe de CE2, 31 élèves pour seulement 20 places assises.
"On était trois par table de deux ! s'exclame l'enfant au micro de RMC. Moi, j'en avais un peu marre d'être trois par table."
"J'ai corrigé les fautes d'orthographe"
Le petit garçon explique très précisément la situation. "Je suis à la même table que Naquid et Ismaël. Hachmia, elle, travaille sur le bureau de la maîtresse." Il évoque même ses cousins de Lorraine. "Ils ont tous une table et une chaise. Ils ont même des tablettes, des salles infos, une classe par salle, pas de rats..." Et ajoute : "Monsieur le président, vous êtes la seule personne qui peut nous aider".
Son père l'a aidé à rédiger sa lettre, au stylo bleu sur une feuille à grands carreaux.
"Il a commencé à faire sa lettre, j'ai corrigé les fautes d'orthographe, et on l'a envoyée, se souvient le papa de Robin. Les copains étaient partants parce que ce n'est pas évident quand on est trois par table de pouvoir écrire correctement, de pouvoir écouter."
Quelques jours plus tard, l'Elysée a répondu. Robin est fier d'en lire quelques lignes. "Le président de la République tient à t'adresser ses plus vifs encouragements pour la poursuite de ta scolarité", énonce-t-il avec hésitation.
Il manque toujours 18 tables et 36 chaises
Deux mois après cet échange épistolaire, les choses semblent avancer.
"L'Etat nous a assuré qu'il allait accompagner la mairie dans l'achat de chaises et de tables pour l'école", rapporte le père du petit garçon.
Mais Robin tient ses comptes, il manque toujours 18 tables et 36 chaises dans son école. L'enfant envisage de rédiger une nouvelle lettre.