RMC

Médecins libéraux: "Un jeune n'a pas envie de travailler quinze heures par jour pour pouvoir vivre"

Les médecins libéraux demandent la revalorisation des tarifs des consultations. (Photo d'illustration)

Les médecins libéraux demandent la revalorisation des tarifs des consultations. (Photo d'illustration) - AFP

TÉMOIGNAGE - Les médecins libéraux réclament une hausse du tarif des consultations, alors que s'ouvrent ce mercredi les négociations avec l'Assurance maladie. Pour comprendre leurs revendications, RMC est allée passer quelques heures dans le cabinet d'un médecin généraliste à Limeil-Brévannes, dans le Val-de-Marne.

Ce mercredi, c'est le premier jour de négociations entre la Sécurité sociale et les médecins libéraux, pour une nouvelle convention quinquennale. Ça se passe au siège de la Caisse nationale d'assurance maladie. Principal enjeu: la revalorisation de la consultation, donc des revenus des médecins libéraux.

Le tarif est bloqué à 23 euros depuis 2011, et l'actuelle convention arriva à échéance le 26 septembre prochain. Les négociateurs auront jusqu'au 26 août pour se mettre d'accord. Le seul passage de 23 à 25 euros représenterait 550 millions d'euros par an, a déjà prévenu Nicolas Revel, le directeur général de l'Assurance maladie.

"Les médecins sont au bout de ce qu'il peuvent supporter"

Dans tous les cas, la négociation sera houleuse face à des syndicats échaudés par l'instauration d'ici à 2017 du tiers payant généralisé, mesure phare de la loi Santé, qu'ils refusent d'appliquer. Pour comprendre les revendications des médecins, RMC est allée passer quelques heures dans le cabinet d'un médecin généraliste à Limeil-Brévannes, dans le Val-de-Marne.

Et ce matin-là, pas un seul siège n'est vide dans la salle d'attente. Il est 9 heures, et le docteur Leclerc en est à sa huitième consultation. Ce généraliste a commencé sa journée à 7 heures.

"Les médecins sont au bout de ce qu'il peuvent supporter", s'alarme-t-il. "Les journées sont à rallonge. Moi, quand le soir je réussi à placer trois, quatre patients à 21h, 22h, est-ce que c'est normal? Ce qui est certain, c'est qu'un jeune n'a pas envie de devoir travailler quinze heures par jour pour pouvoir vivre".

"Désobéissance tarifaire"

Le docteur pratique la "désobéissance tarifaire": 25 euros la consultation, contre 23 euros exigés par l'Assurance maladie. Et ses patientes comprennent tout à fait, au micro de RMC:

- "C'est logique, oui! Il ne l'a pas augmentée depuis que je viens", témoigne cette dame âgée.
- "C'est quoi, trois euros? C'est très justifié. Ils donnent beaucoup d'eux-mêmes, ils sont là du matin au soir…", reconnaît une autre patiente.

Le débat s'invite même en fin de consultation, avec cette patiente: "Quand je viens chez le docteur, je ne lui demande pas le prix, parce que ce sont des gens qui sont dévoués. Il n'y a pas de prix pour ça".

"La prestation est déconnectée"

Le docteur Leclerc le regrette, mais il n'a plus le choix:

"Le problème, c'est quand la prestation est déconnectée. Il faut que le médecin puisse aussi gagner sa vie. Et ce n'est plus tout à fait le cas".

Alain Leclerc le confirme, une revalorisation de la consultation serait tout à fait acceptée par les patients.

"Ils ne me disent rien", assure-t-il. "La plupart ont lu la petite affichette et ont déjà sorti les 25 euros. C'est là où on s'interroge. Tous les médecins de France ont fait des mouvements pour dire que ça n'allait pas, et on nous a tout le temps envoyé promener".

A midi, le docteur Leclerc quitte son cabinet, pour partir en consultations à domicile, de plus en plus rares chez les jeunes généralistes. Il est en effet beaucoup plus rentable de recevoir trois, quatre patients en cabinet, quand il faut une demi-heure, en moyenne, pour se rendre chez les malades.

C. P.