Mélenchon ne se voit ni ministre, ni adversaire de Hollande

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Le Front de gauche n'a aucune intention de faire alliance avec le Parti socialiste mais ne saurait se considérer comme un adversaire de François Hollande, a déclaré Jean-Luc Mélenchon mardi à l'issue d'une rencontre avec le président à l'Elysée.
L'ancien ministre de Lionel Jospin a dit son émotion de se retrouver dans le bureau d'un président socialiste, où il a été reçu avec la députée du Parti de gauche Martine Billard dans le cadre de consultations avant des sommets internationaux.
"Je ne vous cache pas qu'il est émouvant de retrouver un homme de gauche dans le bureau de François Mitterrand. Pour moi, c'est un moment un peu spécial, je ne vais pas le cacher", a dit Jean-Luc Mélenchon à la presse dans la cour de l'Elysée.
Le représentant du Front de gauche, candidat aux élections législatives dans le Pas-de-Calais, a répété qu'il n'était pas question pour lui d'entrer au gouvernement, s'estimant beaucoup plus utile comme parlementaire.
"Des ressentis communs" avec Hollande
Malgré les divergences exprimées pendant la campagne présidentielle, où il a recueilli 11% des voix, Jean-Luc Mélenchon a souligné les "ressentis communs" avec François Hollande, "un homme de gauche" qui pourra compter sur lui.
"J'ai redit au président de la République que le jour où il faudra résister, nous serons là", a-t-il déclaré.
"Nous ne manquerons pas à l'appel. De la même manière, ce n'est pas nous qui ferons tomber un gouvernement de gauche. Nous critiquerons, nous ferons notre rôle de parlementaire, mais nous ne sommes pas des adversaires politiques".
Jean-Luc Mélenchon souhaite cependant garder toute son indépendance durant le quinquennat à venir.
"D'alliance il n'en est pas question, nous ne sommes pas venus là pour ça", a-t-il affirmé. "A quoi bon rajouter du rose sur du rose, ça ne servirait à rien. Je crois qu'on va être utile dans notre rôle d'intervention, d'amendement".
"C'est sinistre un Parlement de godillots"
Pour lui le meilleur scénario serait une majorité relative pour le PS, qui aurait alors besoin des voix du Front de gauche pour faire voter les textes, comme c'est le cas au Sénat.
"C'est ça qui créé l'obligation de discuter. Sinon, ceux qui se sentent tout puissants ne se sentent obligés à rien", a-t-il résumé. "Tandis que s'ils ont des partenaires qui sont en état de faire la décision, la discussion est obligatoire et ça c'est bon pour la vie démocratique du pays et d'un Parlement, sinon c'est sinistre un parlement de godillots".
Jean-Luc Mélenchon a rappelé son refus d'entrer au gouvernement pour garder sa liberté de parole.
"Un ministre, comme disait Jean-Pierre Chevènement, 'ça ferme sa gueule ou ça démissionne', donc je ne vois pas comment serait conciliable le programme du Front de gauche et le programme du gouvernement, dont acte, c'est pas un drame", a-t-il dit.
Mélenchon veut un groupe "conquérant" à l'Assemblée
"Nous serons beaucoup plus utiles au pays et à la gauche en étant à l'Assemblée un groupe autonome, conquérant, qui va de l'avant, qui fait des propositions, qui des fois en fait passer, d'autres fois non. C'est cela notre utilité, notre valeur ajoutée pour le pays et pour la gauche", a-t-il argumenté.
Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard ont souligné les points de convergences avec François Hollande, notamment sur le maintien de la Grèce dans la zone euro.
Le co-fondateur du Parti de gauche, qui affronte la présidente du Front national Marine Le Pen à Hénin-Beaumont aux législatives, a dit avoir insisté auprès du président sur les "dégâts" provoqués selon lui par la fin de la campagne à droite.
"Il y a eu une sensibilité de sa part (François Hollande) au fait que beaucoup de Français avaient été effrayés par la fin de la campagne électorale", a-t-il dit.
"Pour la suite, des dégâts assez irrémédiables ont été commis et le devoir de chaque républicain est de recoudre tout ce qui a été détruit et déchiré".