Merkel apporte son soutien à Sarkozy, Hollande ironise

Angela Merkel est intervenue de fait dans la campagne présidentielle française en apportant lundi son soutien "sur tous les plans" au président sortant Nicolas Sarkozy, distancé dans les sondages par le socialiste François Hollande. /Photo prise le 6 févr - -
PARIS-DIJON (Reuters) - Angela Merkel est intervenue de fait dans la campagne présidentielle française en apportant lundi son soutien "sur tous les plans" au président sortant Nicolas Sarkozy, distancé dans les sondages par le socialiste François Hollande.
Le candidat socialiste a ironisé sur la "rude tâche" de la chancelière allemande, venue à Paris pour un conseil des ministres franco-allemand et qui accordait lundi soir une interview commune avec Nicolas Sarkozy à la chaîne de télévision France 2 et à son homologue allemande ZDF.
"Je soutiens Nicolas Sarkozy sur tous les plans car nous appartenons à des partis amis", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à l'Elysée aux côtés du président sortant.
"Il est normal que nous soutenions nos partis amis", a dit la chef de file de l'Union chrétienne-démocrate (CDU). Elle a rappelé que Nicolas Sarkozy était venu la soutenir en Allemagne en mai 2009 quand elle briguait un second mandat.
Angela Merkel a ajouté que François Hollande s'était rendu au congrès du Parti social-démocrate allemand (SPD) en décembre dernier mais elle n'a pas répondu à la question de savoir si elle le rencontrerait durant la campagne électorale.
Le candidat socialiste a annoncé qu'il se rendrait à Berlin pour sa première visite à l'étranger.
Soulignant qu'elle était à Paris en tant que chancelière, elle a également décliné une question sur l'intention du candidat socialiste de renégocier le nouvel accord de discipline budgétaire que les Européens ont scellé en décembre à la demande pressante de l'Allemagne.
Elle avait pris moins de précautions le 30 janvier dernier à l'issue du Conseil européen qui avait entériné ce texte.
"L'Europe ne pourrait pas fonctionner si tout ce qui a fait l'objet d'un accord était remis en question dès qu'un gouvernement change", avait-elle dit.
"JE LES LAISSE FAIRE"
Lors de l'interview télévisée, Angela Merkel s'est défendue de voler au secours d'un président français mal en point dans les sondages. Au moment où l'Europe traverse une période difficile, "c'est le bon moment pour montrer clairement où en sont la France et l'Allemagne", a-t-elle plaidé.
Nicolas Sarkozy a revendiqué l'"amitié" et la "confiance" de la chancelière avec laquelle les relations furent parfois âpres.
Il a encore dit son "admiration" pour la dirigeante allemande, sans oublier pour autant son prédécesseur social-démocrate Gerhard Schröder, l'initiateur des réformes économiques dont il entend aujourd'hui s'inspirer et qui lui avait exprimé son soutien dans une interview publiée fin 2011.
"Schröder, quand il est venu en France, il a manifesté son soutien pour qui ? Ça prouve, que même en Allemagne, il m'arrive aussi de parler à la gauche!", a-t-il lancé d'un sourire.
Interrogé sur le geste d'Angela Merkel, François Hollande a répliqué d'une boutade.
"C'est une tâche rude qu'elle se donne. Que Nicolas Sarkozy ait besoin de Mme Merkel en dit long sur sa situation", a-t-il commenté lors d'une conférence de presse, en marge d'un déplacement à Dijon (Côte-d'Or).
"Si Mme Merkel veut faire campagne pour Nicolas Sarkozy, elle a parfaitement le droit. Si Nicolas Sarkozy veut que Mme Merkel participe à des meetings, puisqu'il est candidat, il a parfaitement le droit", a-t-il dit.
"Je les laisse faire, ça ne m'empêchera pas de faire tout ce qui est possible avec la chancelière allemande si je suis élu à l'Elysée", a-t-il poursuivi, ajoutant que le seul soutien comptant à ses yeux était "le soutien des Français".
Yann Le Guernigou à Paris et Thierry Lévêque à Dijon, édité par Yves Clarisse