Migrants à Nice: une arrivée en masse dans la quasi-indifférence générale

A Nice, sur les marches de la gare, les migrants errent dans l'indifférence générale (illustration) - PASCAL GUYOT / AFP
Un mois après un naufrage dramatique en Méditerranée, la question des migrants n'est toujours pas réglée. Prêts à tout pour rejoindre l'Europe, ils arrivent pourtant de plus en plus massivement sur le territoire. En France, c'est le cas notamment pour la ville de Nice qui, selon Christian Estrosi, député-maire UMP de la ville, a vu débarquer "4 000 migrants illégaux depuis le début de l'année", soit "le double de l'année dernière". Alors que l'ancien ministre annonce avoir "créé une force de dissuasion, avec des caméras, des arrêtés municipaux" pour "dissuade de rester", sur place effectivement, les migrants ne semblent être qu'en transit.
"La police n'est pas un problème"
C'est le cas de Djamal, 25 ans, qui erre parmi une trentaine d'autres migrants sur les marches de la gare. Il attend de pouvoir acheter un billet de train pour poursuivre sa route, comme il l'explique à RMC. "Je viens d'Ethiopie. J'ai traversé la Méditerranée sur un petit bateau sur lequel nous étions 220. Nous avons passé la frontière par nos propres moyens et nous sommes arrivés à Nice", raconte-t-il.
Et il assure "que la police n'est pas un problème. Non, le problème c'est le manque d'argent pour acheter un billet de train. Nous n'avons pas non plus de quoi manger, ni d'endroit où dormir". Des migrants en transit que Guillaume, dont la boutique est située en face de la gare, croise tous les jours. "Depuis plus de trois semaines, on en voit de plus en plus. Ils dorment là, ils mangent là... Ils dorment devant le rideau du magasin mais dès qu'on leur dit de partir, ils s'en vont. Ils ne cherchent pas le conflit donc il n'y a pas de soucis", reconnaît-il.
"Comment les aider?"
Josée qui habite le quartier ressent surtout de l'impuissance face à leur situation: "Je suis catastrophée de voir ça, admet-elle. Mais je ne sais pas quoi répondre parce que je ne pourrais pas survivre à une chose pareille. Comment font-ils pour résister? Je ne comprends pas qu'ils soient quand même souriants, bien habillés… Mais comment les aider?"
Ces migrants reçoivent, de temps en temps, l'aide de certaines associations comme celle de Térésa, qui refuse que leur cas tombe dans l'indifférence. "L'indifférence ne mène à rien, ne changera rien. Avant d'être indifférent, il faut savoir, il faut connaître et ça c'est notre rôle de militants. Nous savons très bien leur souffrance et si les gens assistaient à tout cela, ils ne pourraient pas être indifférents. On ne peut pas être indifférent à cela", estime-t-elle, en colère.
Pourtant, à Nice, cette nuit encore, les migrants ont passé la nuit sur le bitume de la gare, dans le flux continu des allers-retours de passagers…